Ce
matin, comme nous vous l'avions annoncé nous avons participé à la JOURNÉE
NATIONALE A LA MÉMOIRE DES VICTIMES DES CRIMES RACISTES ET ANTISÉMITES DE
L’ÉTAT FRANÇAIS, HOMMAGE AUX "JUSTES" DE FRANCE Place du 23
janvier1943 (anciennement Place Daviel) MARSEILLE.
10
h 30 : début de la manifestation par quatre (4) allocutions et le message de
Mme Geneviève DARRIEUSSECQ, Secrétaire D’état auprès de la Ministre des Armées
par M. Pierre DARTOUT Préfet de la région PACA, Préfet des BdR.
Message de
Geneviève Darrieussecq
Secrétaire
d’Etat auprès de la ministre des Armées
Journée
nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de
l’Etat
français et
d’hommage aux « Justes de France » 22 juillet 2018
"Il y a soixante-seize
ans, les 16 et 17 juillet 1942, dans Paris et sa banlieue, 13 152 personnes,
dont 4 115 enfants, furent arrêtées par des policiers français sur ordre de
l’Etat français soumis à l’occupant. Pourchassés pour ce qu’ils étaient par la
naissance, ces milliers de Juifs furent transférés vers le camp de Drancy ou
enfermés dans le Vélodrome d’Hiver. Dans ce « Vél d’Hiv », les heures d’attente
et d’angoisse furent le prélude de leur déportation. Déjà, l’ombre de la Shoah
les enveloppait. Le pire était à venir, ce fut Auschwitz-Birkenau.
Ces jours terribles sont
une cicatrice profonde dans notre mémoire nationale. Cette rafle reste le
symbole de toutes les autres rafles et, à travers elle, c’est aux 76 000
déportés que nous pensons. Seuls 2 500 revinrent des camps.
Les pensées de la Nation
vont également aux Tziganes internés et déportés.
En cette journée
nationale, nous nous souvenons de l’obscurité de la collaboration et de la lumière
des « Justes ». Ainsi, la nation française associe dans un même hommage la
mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et
celle de ses héros souvent anonymes.
Les mots de Simone VEIL,
actrice majeure de la reconnaissance des « Justes de France », résument, à eux
seuls, tout le sens de cette commémoration annuelle : « Il y a eu la France de
Vichy responsable de la déportation de 76 000 juifs, dont 11 000 enfants, mais
il y a eu aussi tous les hommes, toutes les femmes, grâce auxquels les trois
quarts des juifs de notre pays ont échappé à la traque. »
Même aux heures les plus
sombres de la France, lorsque le régime de Vichy bafouait nos idéaux en se
rendant complice de la barbarie nazie, lorsque des Français collaboraient avec
l’ennemi, des hommes et des femmes incarnaient l’espérance et le respect de la
dignité humaine.
Nous rendons hommage aux
4 000 Justes reconnus et à tous ceux qui sont restés anonymes. Au péril de leur
vie et de celle de leur famille, ils ont bravé le danger pour sauver d’une mort
certaine des milliers d’innocents. Grâce à ces héros, la France peut regarder
son histoire en face et sait que les mots d’honneur et d’humanité ont toujours
un sens.
Nous devons rester
vigilants. Lorsque les paroles et les actes antisémites et racistes
ressurgissent, il ne peut y avoir de complaisance. Ainsi, pour nos jeunes
générations, l’enseignement et la compréhension de ces événements sont
essentiels. Ils sont des leçons pour nos consciences et un appel exigeant à la
fraternité.
Nous n’oublions pas les
martyrs. Nous n’oublions pas les sauveurs. Nous ne céderons jamais à la haine
et à l’intolérance. Tel est le message de tous les citoyens rassemblés
aujourd’hui."
Ensuite nous avons fait
le dépôt de gerbes . Ci-dessous notre intervention et les photos.
"Encore
aujourd’hui se pose cette question :Comment l’être humain a-t ’il était capable
et peut-être encore capable actuellement
de commettre de telles atrocités ?
Comment
les Hommes ont-ils pu commettre et commettent encore aujourd’hui de tels actes
de barbarie absolue ?
Par
idéologie pure, par fanatisme, les nazis ont inventé l’organisation de
l’horreur. Froidement commandité par Hitler, le troisième Reich à partir de
1933 et jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale a créé des centre de déportation
de grande taille. Les camps de concentration nazis sont des centres de
détention créés pour interner, exploiter la force de travail et tuer des
opposants politiques, des résidents d'un pays conquis, des groupes ethniques ou
religieux spécifiques au premier rang desquels les Juifs, les tziganes, les
démocrates et bien d’autres. Abomination de la nature humaine ces camps se
multiplient pour y enfermer les résistants et opposants de toute l'Europe
occupée, mais aussi pour constituer un réservoir de main-d'œuvre servile. Le
travail y était épuisant, la nourriture insuffisante, les mauvais traitements
réguliers et la mortalité élevée. Tout visait à déshumaniser les victimes et à
les conduire à une mort rapide, soins inexistants et extermination, tout menait
à l’application de la solution finale.
Alors,
pour satisfaire cette œuvre de mort absolue, les nazis ont planifié la
déportation de masse. Véritable système concentrationnaire la déportation
devenait la nourriture des camps d’Auschwitz, Birkenau, Dachau, Ravensbrück
Mauthausen et tant d’autres. Les nazis utilisent
les trains de l'ensemble du continent européen pour transporter et déporter les
Juifs, les tziganes et tous les opposants. Méthodiquement ils s’attèlent à la
tache sur une grande échelle. Tous les pays occupés par l’Allemagne nazi
fournissent la matière à cette folie humaine. La « solution finale » qu’avait
ordonné Hitler.
Au
fur et à mesure des annexions ou des conquêtes militaires, les camps se
peuplent de détenus de 22 nationalités différentes, Tchèques en 1938, Polonais
en 1939, Hollandais, Français, Belges et Luxembourgeois à partir de 1940, mais
dont la majorité ne sont internés qu'à partir de 1943 et 1944, antifascistes
italiens, républicains espagnols, Danois et Norvégiens, Russes… Ce mélange des
nationalités accroît les rivalités internes et instaure une hiérarchie entre
déportés, en fonction de leur origine, mais aussi de leur connaissance de la
langue allemande. Jamais dans l’histoire de l’humanité, les hommes n’avaient
été capables d’une barbarie de cette ampleur.
Basée
sur l’inégalité des « races » l’idéologie nazie a porté en elle la
déportation et l’extermination de millions d’êtres humains qui ne demandaient
qu’à vivre, espérer, chanter, aimer, enfin tout ce qui fait la vie.
Mais
les arguments racistes ne sont pas seulement détestables : ils sont faux. Que
nous soyons blancs, noirs, jaunes, blonds, bruns, laids ou beaux, nous sommes
tous des homos sapiens, nous sommes tous des Hommes. Toutes les connaissances
scientifiques convergent. Il n’y a jamais eu de preuves solides de l’existence
d’un lien entre différences intellectuelles et différences techniques chez
l’homme. Il n’y a sur terre aujourd’hui une seule et même race
d’hominidé : l’Homme moderne dont nous faisons tous parti.
Nous
sommes tous constitutifs de seule race au monde : LA RACE HUMAINE.
Alors,
vouloir construire une société sur l’exclusion de l’autres ou, comme Hitler,
sur l’extermination de l’autre, c’est nier sa propre part d’Humanité. Car la
violence et la guerre sont toujours le refuge des faibles, le dialogue et la
paix sont toujours la puissance des forts.
Et
n’oublions jamais qu’il faut toujours exclure de la mémoire la vengeance pour y
construire la fraternité. Pour y porter cette part de nous qui fait la
civilisation humaine.
Quand
l’absurde côtoie l’horreur, quand la douleur supplante la raison, ne reste que
la tristesse et la compassion. Celui qui assassine son prochain parce qu’il le
considère comme impur commet un crime contre l’humanité.
Aucune
religion, aucune couleur de peau, aucune opinion, aucune croyance ne justifie
la barbarie. Tout acte de rejet de l’autre participe au combat des forces de
l’obscurantisme. Toute négation de l’existence d’autrui est une atteinte à la
liberté de tous. Tout refus de la convergence des opinions contraires participe
à la négation du combat pour
l’émancipation humaine.
Le
naïf n’est pas celui qui réunit pour construire, il est celui qui préjuge la
pensée de son semblable. C’est le propre de l’humanité d’édifier un monde
divers qui se rassemble pour vivre ! Considérer
l’autre barbare parce qu’il est autre, c’est être comme lui barbare. Etre
humain, c’est reconnaitre l’existence de l’autre.
En
ce jour de commémoration des crimes racistes, antisémites et d’hommage aux
Justes, faisons de notre devoir de mémoire un puissant levier d’humanité. Que
notre hommage aux victimes de la déportation soit encore une pierre à l’édifice constitutif d’une
société humaine ouverte à tous, faite de joie et de fraternité !
C’est
bien la meilleure façon de construire pour nos enfants la voie du bonheur
partagé !"