AVORTEMENTS
Les femmes enceinte de 2 et 3 mois,
subissaient un curetage ; les femmes enceintes de 4 à 7 mois subissaient
une colpohystérectomie (c’est-à-dire une espèce d’opération césarienne basse).
Après avoir subi cette opération, la femme
était fatiguée et anémiée par suite de l’alimentation insuffisante et du choc
opératoire. La malade, au bout d’une dizaine de jours, était renvoyée dans son
camp où elle passait quelques jours. Après la visite du docteur qui la
déclarait inapte au travail, elle était envoyée à la chambre à gaz.
La méthode médicale employée était
l’avortement mécanique. Le médecin, après avoir fait tuer le fœtus d’une piqure
dans la tête, y fixait un lien à l’extrémité duquel pendait un poids. La femme,
attachée dans son lit n’avait plus qu’à attendre l’extraction du fœtus.
Le
médecin, après avoir accompli son opération, laissait les patientes dans des
souffrances terribles. Des infirmières m’ont affirmé que la durée moyenne de
ces souffrances s’échelonnait entre 2 et 10 heures.
Aux femmes enceintes de 7 à 8 mois, on
faisait des injections sous-cutanées avec un produit inconnu, afin de provoquer
l’accouchement prématuré. Les injections firent de l’effet. Le fœtus venant au
monde qui fût vivant ou mort, était détruit. Le but poursuivi était de
provoquer l’accouchement prématuré par piqûre, sans employer des moyens
mécaniques.
ACCOUCHEMENTS
On laissait quelquefois la nature suivre son
cours et l’enfant naissait à l’hôpital.
Dès que les enfants étaient nés, ils étaient
enlevés à la mère, enveloppés dans une serviette ou du papier. Ils étaient
transportés au « Babschmitt 3 » et là ils étaient déposés dans une
caisse à 3, 4, 5, 6, comme des petits chats ou des petits chiens que l’on
laisse mourir. La camionnette de la Croix–Rouge, qui ramassait les contagieux
des différents camps pour être emmenés au gaz, passait prendre ces petits. Ils
étaient vidés par-dessus les malades comme de vulgaires colis.
Si l’enfant était mort-né, la mère retournait
éventuellement au camp et risquait sa chance comme les autres d’être
choisi pour le four. Si, par contre l’enfant était vivant, alors tous deux
étaient envoyés au four.
Un difficile problème et un cas de conscience
pénible se posait pour les médecins détenus ; l’enfant mort aussitôt la
naissance, la mère échappe à la mort. Peut-on sacrifier l’enfant pour sauver la
mère ? Ce moyen a été employé plusieurs fois pour sauver la mère, et la
vérité va choquer beaucoup de personnes ; les mères acceptaient assez bien
le sacrifice de leur enfant puisque c’était là un moyen de se sauver.
Les souffrances physiques et morales que nous
supportions, l’atmosphère du camp dans lequel nous vivions, avaient peut-être
changé notre état d’âme.
STERILISATION (femmes)
La stérilisation était pratiquée.
Les femmes subissaient la stérilisation. En
1944, l’appareil servant à la stérilisation fut transporté dans les blocks des
femmes se trouvant en dehors du camp. Le nombre des femmes stérilisées fut très
grand. La stérilisation chez les femmes était pratiquée par l’application des
rayons X.
J’ai vu des camarades qui furent stérilisées,
je puis vous donner les noms.
J’ai vu stériliser des Tziganes et les Juifs.
On stérilisait surtout les Tziganes et les
juives, mais aussi parfois les prisonnières allemande prises en délit d’avoir
eu des rapports avec des ouvriers étrangers.
Au moment de la stérilisation des femmes
(après le premier essai par cautérisation qui n’a pas suffisamment réussi), les
stérilisations ont été faires par opération. On m’a amené dans mon service
(block 9 de chirurgie) des femmes et même les enfants à ventre ouvert qui ont
été laissés après l’opération sans être recousus. Nous n’avions à notre
disposition aucun pansement et n’avions pas le droit de les faire que deux fois
par semaine avec du papier de soie qui était arraché et pourri au bout d’une
heure.
Ces plaies étaient donc en contact avec des
couvertures sales et pleines de poux,, avec la paille de la paillasse et la
diarrhée du malade qui envahissait la paillasse.
J’ai vu personnellement plusieurs centaines
de femmes stérilisées dont plusieurs sont mortes de péritonites.
Ils ont stérilisé même, je crois, des enfants,
car ils ont pris l’élément féminin de 7 à 45 ans. Ceci se passait en janvier
1945. Ils les stérilisaient sans les anesthésier et les enfants hurlaient.
J’ai soigné particulièrement, en la bandant
avec de vieux linges, une petite fille de 12 ans sur laquelle on avait pratiqué
la stérilisation.
STERILISATION ET CASTRATION D’HOMMES
En 1943 et 1944, les Allemands firent une
sélection de jeunes gens d’origine juive, à leur arrivée au camp de Birkenau.
Ils étaient âgés de 13 à 16 ans. Sous prétexte de leur apprendre le métier de
maçon, ils furent groupés au block n°7 du camp d’Auschwitz où ils suivaient des
cours de maçonnerie. Il est à supposer que ces jeunes gens, au nombre de 5 à
600, furent choisis en vue de stérilisation ultérieur après un séjour au camp
de plusieurs mois et après un régime alimentaire déterminé.
Au block 21, ils châtraient les Tziganes
hommes.
Il y eut des milliers de jeunes gens grecs
stérilisés. On les menait à un appareil électrique ; si, au bout de
quelques mois ils étaient encore aptes à accomplir l’acte sexuel, on les
castrait.
Les Allemands pratiquèrent un grand nombre de
stérilisation et de castration sur les détenus jeunes, choisis au camp de
Birkenau et d’Auschwitz.
Je fus convoqué un matin, de Birkenau à
Auschwitz. Ce fut exactement le 19 mai 1943.
Je fus dirigé sur les services de la
désinfection où l’on me prit tous mes vêtements et je reçus une nouvelle tenue
de camp. Puis, on m’envoya en Revier (Chirurgische Abteilung), où il me fut ordonné
de me coucher.
Le lendemain, je fus amené de force sur la
table d’opération où l’on voulut me faire une injection dans la colonne
vertébrale. Je me suis débattu et réussis à leur faire casser la seringue, mais
néanmoins, ils me maîtrisèrent à 12 purent pratiquer cette piqûre. Immédiatement
après, je me sentis comme paralysé des membres inférieurs. A signaler que le
même docteur procéda à des opérations de castration complète sur plusieurs
centaines d’autres internés, la plupart des jeunes gens de 20 à 30 ans.
M.C….a vu et peut certifier que chez de
nombreux jeunes gens et enfants israélites, les Allemands ont procédé à
l’ablation des parties sexuelles.
Les castrations étaient fréquentes chez les
prêtres ; elles entraînaient infailliblement la mort, car elles étaient
pratiquées par des non-professionnels qui n’avaient aucune notion des règles
chirurgicales.
Quel était le but de ces stérilisations et
castrations ? Il était supposé géopolitique. Cette supposition est fondée
sur le fait suivant : l’espace occupé par les 80 millions d’Allemands
après une période de 25 ans (suivant la fin de la guerre gagnée par l’Allemagne) serait insuffisant pour nourrir
et loger l’accroissement escompté de 15 à 20 millions d’Allemands. Le régime
nazi aurait élargi son « Lebensraum » sur le compte des pays
limitrophes comme la France, la Tchécoslovaquie, la Pologne et l’Ukraine. Les
populations de ces régions, après stérilisation, aurait fourni de la
main-d’œuvre pendant 25 à 30 ans et se seraient éteintes sans laisser de
progéniture.
Dans ces espaces vidés des populations
indigènes par les conséquences de stérilisation, les Allemands auraient placé
le surplus de leur population.
Les jeunes gens choisis pour les
stérilisations étaient âgés de 18 à 35 ans, tous bien portants et si possible
sans tare.
Chacun d’eux exposait sur une planchette sa
bourse à l’action des rayons X. Les victimes déclarèrent que le docteur
vérifiait lui-même si les testicules étaient dans la bourse et non refoulées
dans le canal inguinal. L’exposition aux rayons X durait 5 à 6 minutes. Cette
durée d’exposition fut fixée après un très grand nombre d’essais.
Après la séance, les jeunes gens dont le
numéro était inscrit sur un registre spécial avec la date à laquelle la
stérilisation était pratiquée étaient renvoyés temporairement au camp. Le
Schreibstube principal recevait une liste indiquant leurs noms et numéros et
ils étaient exclus des sélections possibles jusqu’à nouvel ordre.
Quelques semaines ou quelques mois après
cette stérilisation, les jeunes gens étaient convoqués au camp d’Auschwitz,
block 21 (chirurgie). Ils étaient introduits au laboratoire où on les
interrogeait sur les troubles apparus chez eux depuis la date de la
stérilisation : désirs sexuels, pollutions nocturnes, troubles de la
nutrition, de la mémoire, du caractère, etc. Ensuite, on les obligeait à se
masturber et on recueillait une goutte de sperme sur une petite lame en vue
d’examen microscopique. Si la base physiologique de la masturbation manquait,
on provoquait l’érection par un massage digital de la prostate.
Après quelques secondes, les Allemands ont
trouvé que le massage de la prostate fatiguait le masseur ; on inventa
alors un autre système au moyen d’une manivelle qui était introduite dans le
fondement du malheureux ; quelques tours de manivelle suffisaient pour
provoquer l’érection et l’éjaculation du liquide spermatique. Le sperme était
examiné par un bactériologiste en vue de rechercher la vitalité des
spermatozoïdes, c’est-à-dire s’il en existant encore de vivants.
En 1944, les Allemands apportèrent au camp un
microscope spécial qu’ils appelaient « microscope à
phosphorescence », basé sur le principe qu’une cellule vivante était
phosphorescente et qu’une cellule morte ne l’était plus, ce qui leur permettait
de différencier un spermatozoïde mort d’un vivant.
La castration ne fut pas toujours complète,
tantôt on enlevait un testicule en entier, tantôt 1/4, tantôt une moitié ou ¾
suivant les indications et le but poursuivis par le docteur.
Dans d’autres cas cas castration était
bilatérale, donc complète.
Le testicule ou le fragment de testicule
était placé dans un tube stérilisé avec la formaline à 5 ou 10% et envoyé à
Breslau à l’institut pour l’étude histopathologique des tissus.
J’ai assisté moi-même un seule fois à deux
castrations.
L’incision était faite dans la région
inguinale, incision unilatérale ou bilatérale suivant le cas de castration
complète ou incomplète. On tirait sur le cordon funiculaire, on mettait le
testicule à nu, on ligaturait les vaisseaux et on procédait à l’ablation de la
portion contenant le testicule. On faisait ensuite quelques points de suture et
drainage.
L’ingrédient anesthésique était la novocaïne
par injection intra-rachidienne, jamais d’anesthésie générale.
Après l’opération, les jeunes gens étaient
placés dans la salle n°5 du block 21 sous la surveillance d’un infirmier
allemand spécialisé dans les soins postopératoires de ce genre.
Après un séjour de huit à dix jours, les
opérés étaient transférés dans la salle n°1 du même block où j’étais médecin
traitant.
Chez certains, la cicatrisation se faisait
sans suppuration, chez d’autres la suppuration apparaissait suivie de tout son
cortège de complications ce qui prolongeait le séjour du malade dans la section
chirurgicale et l’exposait à une sélection.
Dans certains cas, les castrés, après
stérilisation par la méthode physique,, revenaient au block chirurgical avec
des phlegmons d’apparence normale dans la région inguinale. Des incisions
malencontreuses de ces phlegmons ont entraîné ans deux cas la mort par
septicémie.
Il est à présumer qu’étant donné
l’extermination méthodique des Juifs entreprise dans les camps, cette
stérilisation était étudiée sur eux dans le but d’être appliquée par la suite
aux non Juifs autres que les Allemands.
A suivre -Le corps médical allemand-
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