jeudi 30 décembre 2010

Fier d'être gitan, Il faisait de la résistance et était GITAN, Oiseaux de passage (Urs Karpatz)




Vous trouverez ci-dessous trois textes (entre autres) que j'ai lu lors des commémorations des crimes racistes devant toutes les autorités à Marseille


Fier d’être gitan

Lorsque que je vois ton regard, toi le non gitan, je ne lis qu’intolérance, haine, mépris pour ce peuple errant auquel j’appartiens et que tu appelles dédaigneusement « bohémien ».

Quel que soit ma destinée, quel que soit ces refrains irrespectueux, si mon voyage aujourd’hui s’arrête devant ta porte, sache que je serais toujours fier d’être gitan.

Entre le ciel bleu et l’herbe verte voguera toujours la roue de couleur rouge de la roulotte d’un circassien.

Vous qui utilisez barbelés, mille tranchées et multiples blocs de pierres empêchant nos familles gitanes de se reposer, offrant l’accès de vos terrains à des jeunes pour assouvir leur soif de fêtes damnées, que Dieu pardonne ces choses insensées, qu’il vous pardonne vos absurdes préjugés.

Quelle hypocrisie contre ce peuple en permanence mis l’index le désignant comme boucs émissaires de tous les maux de la terre.

Vous qui avez préféré, sur les pavés mouillés le claquement des bottes nazies aux bruits lointains de nos roulottes sur ces mêmes pavés.

Que Dieu te garde sans oublier nos différences tant de fois rappelées.

Ce que l’histoire oublie volontairement faute d’historiens bien intentionnés, c’est ce qu’on subit nos aînés avec force et courage, tombés comme beaucoup d’autres, sous les obus pour un bien être dans la liberté.

Où sont les monuments élevés à la gloire de nos gitans français disparus ?

Où sont les rappels honorifiques concernant ce peuple au nom de la fraternité ?

Est-ce qu’un gitan tombé sous le feu de l’ennemi pour la patrie n’a pas le sang de la même couleur que tout un chacun.

Lors du départ pour Drancy, les gitans n’étaient certainement pas en 1ère classe.

Mon peuple n’a pour se réfugier que sa seule foi pour faire avancer sa cause.

Est-ce que nous devrons payer encore longtemps le prix du silence pour que soit reconnu le sacrifice de nos anciens !

Peuple tzigane, si souvent décrié, vomit, mit à l’index, que ta bonté, ta gentillesse soit l’élément qui étouffera les cris de tes ennemis.

Si seule nos femmes que l’on dit belles ou la musique de nos peuples vous conviennent, nous croyons qu’il faut aller plus loin pour nous comprendre.



Il faisait de la résistance et était GITAN


1941 en France ce jeune gitan de 19 ans travaillait à la SNCF où il conduisait les trains de marchandise.

Mais un jour, alors qu’il rentrait chez lui, sur le Pont Neuf enjambant l’Yonne ils sont arrivés et l’ont arrêté. Il n’avait pas perçu le bruit de leurs bottes, il avait été dénoncé comme gitan.

Il a dû, contraint et forcé, monter dans un wagon à bestiaux, qu’il ne conduisait pas mais dans lequel il était passager en partance vers où ? il ne savait pas ou le savait trop.

Ce wagon était bondé et il avait très peu de place pour se mouvoir. Le train s’est alors ébranlé et c’est à l’arrivée, à l’entrée du camp de Sobibor, que Jean a vraiment compris.

Pourquoi lui et les autres avaient été enlevés à leurs familles, dont le seul crime : être nés gitan, juif ou autres.

Combien sont partis pour ne jamais revenir ? Combien n’ont pas compris pourquoi la guerre s’étant terminée en 1945, 10 000 gitans n’ont été retrouvés et libérés qu’en 1946.

Sommes-nous maître de notre race ? Est-ce que nous décidons de notre couleur de peau ?

Jean entre autres, passera deux ans dans ces camps où il a trimé servant aussi d’interprète. Il aura la chance de s’enfuir (ce qui ne fut pas le cas pour tout le monde).

A son retour, sa vision de la vie sera totalement différente. Il se révoltait sur tout et pour tout. Il avait d’énormes difficultés à nous parler ce ces années d’horreur qui l’ont tellement marquées et refusait de parler de tous ceux qui nous avaient quitté.

Il nous disait par contre d’être vigilants afin de ne plus revivre ce qu’il avait subit avec ses millions de compagnons d’infortune.

C’est sûr Papa que nous sommes et restons vigilants et nous ferons tout ce qui sera en notre pouvoir pour que les 42,8% de gitans qui ont péri dans les camps voit enfin leur génocide reconnu afin de faire cesser ce racisme envers les communautés gitanes mais aussi contre toutes les ethnies minoritaires.



Oiseaux de passage (Urs Karpatz)

Hier, ils étaient à Auschwitz (Birkenau)
C’était le rendez-vous de mes frères tziganes
En ce jour de novembre
Etaient au rendez-vous des milliers d’âmes tziganes.

Ils étaient comme des enfants
Ils étaient naïfs et confiants
Ils étaient comme des enfants
Leurs bourreaux l’ont écrit.

Ils ne savaient pas que ce campement là
Serait le dernier
Ils le comprirent enfin
Quand leurs frères un matin partirent en fumée.

Comme oiseaux de passage
Les martyrs là ont été oubliés.
Ils étaient des milliers
Mais toi, frère tzigane, tu ne te plains jamais ….

Il reste de grands arbres
Que nos pères ont planté.
Il reste de grands arbres : ce sont des peupliers

Nos pères s’en sont allés.
Sous l’archet de novembre
Ces arbres portent les plaintes des violons violés
Et les pluies de novembre
Roulent en grosses larmes sur les grands peupliers

Ils étaient comme des enfants
Ils n’avaient pas compris
Ils étaient naïfs et confiants
Leurs bourreaux l’ont écrit

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