Afin d’organiser la Rafle du Vel d’Hiv prévue initialement le 13 juillet 1942, a eu lieu une réunion le 04 juillet 1942 au siège de la Gestapo à Paris.
Étaient présents :
- -
René BOUSQUET, secrétaire général de la Police
Nationale,
- -
Louis DARQUIER de PELLEPOIX, commissaire général
aux questions juives (de confessions
juives),
- -
Le colonel, le capitaine « SS »
KNOCHEN et DANNECKER,
-
- Jean LEGUAY, adjoint de BOUSQUET,
-
- FRANCOIS, directeur de la police générale,
-
- HENNEQUIN directeur de la police municipale,
- -
André TULARD chargé des questions juives à la
Préfecture,
- -
GARNIER sous-directeur du ravitaillement à la
Préfecture de la Seine,
- - GUIDOT commissaire de police à l’état-major de
la police municipale,
- -
SCHWEBLIN directeur de la police aux questions
juives.
Le capitaine « SS » DANNECKER a déclaré « les policiers
français, malgré quelques scrupules de pure forme –n’auront qu’à exécuter les
ordres ! ».
La Rafle vise les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchèques,
russes et les INDÉTERMINÉS (gitans entre autres) de tous âges avec des
dérogations exceptionnelles pour les femmes en état de grossesse très avancées
ou nourrissant leurs bébés aux seins, sont prévues. Il déclarait également qu’il
fallait éviter toute perte de temps et pour se faire le tri ne serait pas fait
au domicile mais au premier centre de rassemblement par le commissaire de la
voie publique.
Les nazis prévoient de faire arrêter par la police française 22 000
JUIFS dans le grand Paris qui seront conduits à DRANCY, COMPIEGNE, PITHIVIERS
et BEAUNE-LA-ROLLANDE. Pour cela, « le service du M. TULARD fera parvenir
à la direction de la police municipale les fichiers de juifs à arrêter ».
Les enfants de moins de 15 ans seront confiés à l’UGIF (Union Général
des Israélites de France) qui à son tour les placera dans des fondations. Le tri
des enfants sera fait dans des centres primaires de rassemblement (les
opérations devront être effectuées avec une grande célérité et sans parole).
Le 15 Mai 1940, cinq (5) jours après le début de l’invasion allemande
avait eu lieu une première Rafle. La police de la république y avait emprisonné
plusieurs milliers de femmes réfugiées déjà citées comme INDÉSIRABLES.
René BOUSQUET assiste à une réunion de planification dans laquelle
aucune objection de sa part aux arrestations le 02 Juillet 1942 mais il
exprimait son inquiétude devant le fait « gênant » que la police
française soit chargée de l’exécution des plans. BOUSQUET négocie un compromis
selon lequel la police française ne devrait « rafler » que les juifs
étrangers, VICHY ratifie l’accord le 03 juillet 1942.
Bien que l’on est tenu la police pour responsable de la Rafle d’enfants
de moins de 16 ans (l’âge avait été fixé pour préserver la fiction selon
laquelle l’Allemagne avait besoin d’ouvriers dans les pays de l’Est).
L’ordre émanait en réalité du ministre de PETAIN Pierre LAVAL qui invoquât
une mesure « humanitaire » disant à ne pas séparer les familles.
C’était vraiment de la fiction puisque les parents de ces enfants
avaient déjà étaient déportés ; les documents de l’époque révèlent que la
préoccupation de LAVAL était de trouver une solution aux problèmes des enfants
juifs dont les parents avaient été déportés. Le plus jeune des enfants déportés
à AUSCHWITZ sous les ordres de Pierre LAVAL avait 18 mois.
Le 13 juillet 1942 la circulaire n°173-42 (en fin de cet article) de
la Préfecture de police ordonne l’arrestation et le rassemblement de 27 391
Juifs étrangers habitant en France.
Finalement un peu de retard sera pris. Les autorités allemandes
évitent d’ordonner la Rafle pour le 14 juillet, bien que la Fête Nationale ne
soit pas célébrée en zone occupée, il craint une réaction de la population
civile. Celle-ci a donc eu lieu le surlendemain au soir.
12 884 juifs sont arrêtés : 4 051 enfants, 5 802 femmes
et 3 031 hommes.
Un nombre indéterminé prévenu par la Résistance ou bénéficiant du
manque de zèle de certains policiers, parvient à échapper à la Rafle. Il est
difficile, encore aujourd’hui, de connaître véritablement les modalités des
actions qui ont permis à de nombreuses personnes d’échapper à la Rafle, mais
les plus antisémites et partisans de VICHY se sont alors plaints de la mauvaise
volonté de certains policiers.
Cette Rafle représente à elle seule plus du quart des 42 000 juifs
envoyés de France à AUSCHWITZ en 1942 et dont seul 811 reviendront chez eux
après la fin de la guerre. En 1979 Jean LEGUAY représentant du secrétaire
général de la police nationale en zone occupée, est inculpé pour son
implication dans l’organisation de la Rafle, mais il meurt avant d’être jugé en
1993.
Selon la Préfecture de Police, le nombre d’individus arrêtés s’élèverait
à 13 152. C’est aussi ce nombre qui est gravé sur la stèle commémorative
située à l’emplacement du Vélodrome. Sur les 13 152 Juifs raflés, seuls 25
adultes et quelques enfants auraient survécu.
Paris, le 13 Juillet 1942
Circulaire n° 173-42
À Messieurs les Commissaires Divisionnaires, Commissaires de Voie
Publique et des Circonscriptions de Banlieue.
[...] Les Autorités Occupantes ont décidé l’arrestation et le
rassemblement d’un certain nombre de juifs étrangers. La mesure dont il s’agit
ne concerne que les juifs des nationalités suivantes :
Allemands, Autrichiens, Polonais, Tchécoslovaques, Russes (réfugiés ou
soviétiques, c’est-à-dire « blancs » ou « rouges »), Apatrides, c’est-à-dire de
nationalité indéterminée.
Elle concerne tous les juifs des nationalités ci-dessus, quel que soit
leur sexe, pourvu qu’ils soient âgés de 16 à 60 ans (les femmes de 16 à 55
ans). Les enfants de moins de 16 ans seront emmenés en même temps que les
parents [souligné par nous].Vous constituerez des équipes d’arrestation. Chaque
équipe sera composée d’un gardien en tenue et d’un gardien en civil ou d’un
inspecteur des Renseignements généraux ou de la Police Judiciaire.
[...] Les équipes chargées des arrestations devront procéder avec le
plus de rapidité possible, sans paroles inutiles et sans commentaires. En
outre, au moment de l’arrestation, le bien-fondé ou le mal-fondé de celle-ci
n’a pas à être discuté. C’est vous qui serez responsables des arrestations et
examinerez les cas litigieux qui devront vous être signalés [souligné par
nous].
[...] Des autobus, dont le nombre est indiqué plus loin, seront mis à
votre disposition. Lorsque vous aurez un contingent suffisant pour remplir un
autobus, vous dirigerez :
– sur le Camp de Drancy : les individus ou familles n’ayant pas
d’enfants de moins de 16 ans ;
– sur le vélodrome d’Hiver : les autres.
Vous dirigerez alors les autobus restants sur le vélodrome d’Hiver.
[...] Enfin, vous conserverez, pour être exécutées ultérieurement, les
fiches des personnes momentanément absentes lors de la première tentative
d’arrestation.
Pour que ma Direction soit informée de la marche des opérations, vous
tiendrez au fur et à mesure, à votre Bureau, une comptabilité conforme au
classement ci-dessus. Des appels généraux vous seront fréquemment adressés pour
la communication de ces renseignements. Parmi les personnes arrêtées, vous
distinguerez le nombre de celles qui sont conduites à Drancy de celles qui sont
conduites au vélodrome d’Hiver.
Pour faciliter le contrôle, vous ferez porter au verso de la fiche,
par un de vos secrétaires, la mention « Drancy » ou « vélodrome d’Hiver » selon
le cas.
Les services détachant les effectifs ci-dessous indiqués devront
prévoir l’encadrement normal, les chiffres donnés n’indiquant que le nombre des
gardiens. Les gradés n’interviendront pas dans les arrestations, mais seront
employés selon vos instructions au contrôle et à la surveillance nécessaires.
Total des équipes : 1472 ; total des gardiens en civil ou en tenue :
1568. En outre : 220 Inspecteurs des Renseignements Généraux et 250 Inspecteurs
de la Police Judiciaire.
Garde des Centres primaires de rassemblements et accompagnements des
autobus. Total des gardes et gardiens : 430.
Circonscriptions de banlieue
[... ] Totaux : 60 gendarmes, 20 gardiens en tenue et 53 gardiens en
civil.
La Compagnie du Métropolitain, réseau de surface, enverra directement
les 16 et 17 juillet à 5 heures aux Centraux d’Arrondissements où ils resteront
à votre disposition jusqu’à fin de service : 44 autobus.
En outre, à la Préfecture de Police (caserne de la Cité) : 6 autobus.
[...] La Direction des Services Techniques tiendra à la disposition de
l’État-Major de ma Direction, au garage, à partir du 16 juillet à 8 heures : 10
grands cars.
[...] De plus, de 6 heures à 18 heures, les 16 et 17 juillet, un
motocycliste sera mis à la disposition de chacun des IXe, Xe, XIe, XVIIIe, XIXe
et XXe arrondissements.
La garde du vélodrome d’Hiver sera assurée, tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur, par la Gendarmerie de la région parisienne et sous sa
responsabilité.
Tableau récapitulatif des fiches d’arrestations : Paris : 25 334 ;
banlieue : 2 057 ; total : 27 391.
Le Directeur de la Police municipale, Hennequin.
In RAYSKI Adam, Il y a soixante ans. La rafle du vélodrome d’Hiver.
Le peuple de Paris solidaire des Juifs, Mairie de Paris, 2002.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire