Le camp reçoit les
premières femmes en 1939, la majorité des détenues proviennent du camp de
concentration de Lichtemburg.
Ravensbrück est situé
tout près d’une mine de sel, c’est pratique, les femmes n’ont qu’à faire
quelques mètres pour être au boulot, mais dans cette mine, il n’y a pas de
travail pour les près de 70 000 détenues. De nombreuses femmes sont alors
envoyées sur d’autres mines de sel (il en existe plus de cinquante entre la mer
Baltique et la Bavière) mais aussi dans les usines pour servir l’industrie
d’armement à partir de 1944. En effet, l’Allemagne nazie soumet les femmes au
travail forcé dans la production d’arme car la guerre bat son plein, mais des
usines sont également construites à proximité du camp pour servir la production
textile.
En avril 1941, un camp
pour hommes (20 000) est construit à côté de celui des femmes et en 1942, c’est
un camp d’internement pour jeunes délinquantes (1 000) qui ouvre ses portes, de
fait, la zone devient un centre névralgique du travail forcé, la main-d’œuvre y
est nombreuse. Mais Ravensbrück n’est pas qu’un camp de travail, en un peu
moins de six années, sur les plus de 132 000 femmes qui ont été enfermées, 90 000
ont été tuées. En 1944, la SS fait aménager dans un des blocs du camp, proche
du crématorium, une chambre à gaz provisoire où elle assassine juste avant la
fin de la guerre entre 5 000 et 6 000 détenues.
Pour faire régner l’ordre
dans les camps, Ravensbrück a servi de centre de formation pour plus de 4 000
femmes. A Ravensbrück 150 femmes S.S sont employées.
Les naissances dans le
camp de Ravensbrück
Avant 1944, généralement
les femmes qui arrivent au camp pendant leur grossesse sont éliminées. On veut
s’éviter les emmerdes alors on tue la mère et l’enfant, ou alors on attend
l’accouchement et on se déleste du nourrisson en le noyant dans un sceau sous
les yeux de sa mère ou en l’étouffant. L’agonie des nouveau-nés pouvait durer
jusqu’à 30 minutes. Les témoignages sont terribles. Je ne sais pas pourquoi à
partir de 1944, on n’élimine plus les enfants, nous n’avons pas trouvé les
raisons de ce changement de cap, mais on consacre une pièce à Ravensbrück où
ils sont déposés à même-le sol ou sur des paillasses, on les nourrit avec un
peu de lait en poudre et des farines cuites (dons de prisonnières qui en
recevaient par colis), mais en 1944, les bébés ne vivent jamais plus de trois
mois dans de telles conditions. C’est alors qu’on met en place la Kinderzimmer
(la chambre des enfants) dans le bloc 11 de Ravensbrück. On trouve dans la
chambre deux lits de deux étages superposés où quarante enfants peuvent être
couchés les uns à côté des autres. Malheureusement, rien ne change, les enfants
ne sont pas changés, ils ne connaissent ni hygiène ni biberon… On leur découpe
des changes dans des vieux uniformes et seule la solidarité des prisonnières
leur permet d’avoir un peu de lait. A peine. De fait, tous les enfants
décèdent. Seuls ceux qui sont nés juste avant la libération ont survécu soit
une quarantaine sur les cinq cent recensés (le registre était-il vraiment tenu
à jour ? Rien n’est moins sûr…)
Les femmes sélectionnées
pour… les bordels
Comme nous avons déjà
parlé dans cet article, nous ne pouvons pas trop m’étendre ici mais la plupart
des femmes envoyées dans tous les bordels des camps de concentration sont
passées et ont été sélectionnées à Ravensbrück. Elles sont principalement
polonaises et hongroises et sont envoyées pour six mois dans les bordels. Mais
il est rare qu’elles en reviennent car les heures de prostitution se font en
plus des heures de travail et les femmes, si elles ont la chance d’avoir un peu
plus de nourriture que les autres, décèdent souvent de fatigue et malnutrition
ou on les élimine si elles contractent des maladies sexuellement
transmissibles. Quelques femmes se sont portées volontaires car on leur faisait
miroiter une sortie plus rapide du camp de concentration. En réalité, il n’en
était rien : on ne ressortait jamais vivant qu’un camp.
Certaines femmes ont été
sélectionnées à partir de l’été 1942 pour servir des expériences médicales
comme la stérilisation par injection d’acide (lien), on les appelle les
lapines, ou encore pour tester la résistance à différentes substances chimiques
ou la transplantation d’os (pratique qui nécessite une amputation). Plus de 80
femmes de Ravensbrück ont subi ces mutilations, nombreuses en sont mortes, les
autres ont souffert de douleurs physiques horribles jusqu’à la fin de leurs
jours.
Entre 1942 et 1945, le
commandant du camp Fritz Suhren permet aux médecins du camp, notamment
Gebhardt, de pratiquer des expérimentations médicales de stérilisation sur les
femmes Tziganes. Il est aussi connu pour sa politique d’extermination dans le
camp par l’épuisement par le travail, la violence et la distribution de moins
de nourriture possible. Alors qu’il arrive à prendre la fuite lors de la
libération de Ravensbrück, il est capturé en 1949 puis après un jugement, il
est condamné puis fusillé le 12 juin 1950
Les femmes sélectionnées
pour… mourir
Les femmes trop faibles
pour travailler sont mise à l’écart puis assassinées dans le camp de
Ravensbrück et incinérées dans un four crématoire à quelques kilomètres
jusqu’en 1943, mais ensuite, trop nombreuses, elles sont envoyées dans le camp
d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Cependant, il n’est pas rare qu’à
l’infirmerie des femmes soient tuées par une injection létale, ou encore en
1944 alors que le régime allemand se sent pris au piège et voit sa fin arriver,
une chambre à gaz est ajoutée au camp de Ravensbrück afin de faire le plus de
victimes possible, et en effet début avril 1945, plusieurs milliers de détenues
sont gazées dans le camp pendant que d’autres sont contraintes de migrer vers
le nord du pays.
La libération de
Ravensbrück
En effet, à la fin du
mois de mars, les S.S décident de faire évacuer le camp pour femmes, ainsi plus
de 20 000 prisonnières prennent la route alors qu’elles sont déjà épuisées et
malnutries. C’est ce que l’on appelle les marches de la mort. Certaines
d’entre-elles ont eu la chance de croiser sur leur chemin des troupes
soviétiques qui ont pu les libérer du joug de la politique génocidaire du IIIème
Reich. Il y a eu également des S.S qui ont remis des centaines de prisonnières
aux réseaux de La Croix Rouge suédoise et danoise, juste avant la libération du
camp par les troupes soviétiques les 29 et 30 avril 1945. Il ne reste alors
dans le cas seulement 3 500 détenues, les plus affaiblies ou les malades. Sur
les 130 000 femmes qui ont passé les portes de Ravensbrück, seules 40 000 ont
survécu.
Qui est Irma Grese ?
Le père de Irma Grese,
Alfred, est un ouvrier de laiterie. Sa mère, Berta, est au foyer pour gérer la
fratrie de cinq gamins. Trois filles et deux garçons. Globalement, c’est pas la
belle vie pour Berta, elle s’occupe des enfants et Alfred en profite pour
dilapider la paye dans un bistrot. Faut dire qu’il couche avec la propriétaire…
Lorsque Berta l’apprend en 1936, elle décide de boire de l’acide chlorhydrique
et elle décède, laissant cinq enfants orphelins et un mari farouchement opposé
au nazisme (à cette époque-là, c’est compliqué). A la mort de sa mère, Irma a
douze ans. Deux ans après le décès de son épouse, Alfred se remarie. Il ne
délaisse pas ses enfants mais il est un peu dépassé par le comportement de sa
fille. En effet, en 1938, Irma qui n’est pas bien douée à l’école décide
d’arrêter d’y aller pour rejoindre la Ligue des jeunes filles allemandes (Bund
Deutscher Mädel). A côté de ça, Irma Grese travaille en tant qu’aide-soignante et
tente de devenir infirmière, mais elle n’y parvient pas.
Irma Grese intègre le
parti nazi
La Bund Deutscher Mädel,
c’est l’aile féminine des Jeunesses hitlériennes. Évidemment, on ne leur
apprend pas à être libres et indépendantes… Non, on leur apprend à devenir de
bonnes épouses, de bonnes mères et à être bonnes tout court (toute la journée
du samedi est consacrée à la gymnastique)
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