Introduction
Tout d’abord, il faut savoir
ce qu’on entend par camp de concentration car bien souvent nous le confondons
avec le camp d’extermination. Cette confusion est née à cause du régime nazi
qui employait le terme de « camp de concentration » pour désigner quelques-uns
de leurs « camps d’extermination ». Il est vrai que nous pouvons confondre ces
deux types de camps du fait que le camp de concentration peut atteindre un taux
de mortalité très élevé et une très grande morbidité.
Un camp de concentration est
une installation de détention de grès grande taille, dont le but est de
regrouper et d’enfermer des personnes qualifiées d’ « ennemis » au gouvernement
d’un état, c'est-à-dire par exemple, des opposants politiques, des natifs d’un
pays ennemi, des groupes de personnes appartenant à une ethnie ou religion
spécifique, ou encore des civils d’une zone de combat. Généralement, cette
simple décision d’enfermement est prise par la police ou l’armée du pays.
Bien souvent, la plupart de ces
camps de concentrations correspondent à des camps de travaux forcés. Ils sont
utilisés fréquemment lors d’une guerre. Les détenus ne passent pas devant un
tribunal et ils sont jugés en masse, c'est-à-dire qu’ils ne sont pas jugés
individuellement.
Les conditions de vie et de
travail sont très difficiles ce qui explique le taux important de mortalité
dans ces lieux mais aussi en raison d’une mauvaise alimentation.
L’historique
des camps
1°)
Les premiers camps
La première apparition du
terme « camp de concentration » est due aux Britanniques d’Afrique du Sud suite
à la guerre qu’ils ont mené contre les Boers entre 1900 et 1902. Les Boers sont
des colons d'origine néerlandaise, allemande et française, arrivés en Afrique
du Sud aux XVIIe et XVIIIe siècles, occupant des états sud-africains. Cette
guerre eu lieu à cause de l’annexion du Griqualand le 27 octobre 1871, où on y
découvrit des diamants. Grâce à une habilité politique, c’est la Grande
Bretagne qui héritera de cette dernière. Mais la situation se dégrade vite
entre les deux colonies, et les Britanniques décident d’annexer également le
Transvaal.
Mais l’idée même d’un camp
où on peut réunir un grand nombre de personne fut appliquée un peu plus tôt par
les Espagnols pendant la guerre d’Indépendance à Cuba qui dura de 1895 à 1898.
Elle opposa l'armée libératrice cubaine aux forces du Royaume d'Espagne
d'Alphonse XIII d'Espagne. Pour « concentrer » les populations civiles, le
général Valeriano Weyler y Nicolau a l'idée en 1897 de créer des places contrôlées
par l’armée pour y mettre les personnes et afin d’anéantir tout soutien à la
rébellion. Mais c’est qu’après la défaite espagnole qu’est repris le terme « reconcentrations
» et son principe par les Britanniques contre les Boers.
De ce fait, le général anglais
Kitchener voulant se « débarrasser » de la résistance des Boers, utilisa le fil
de fer barbelé pour créer des camps. En mai 1902, les derniers Boers se
rendirent et grâce au Traité de Vereeniging, la guerre prit fin véritablement.
2°)
Les camps du Goulag
Ce sont dans les années
1930, que les camps de concentration se sont vus multipliés sous l’U.R.S.S de
Staline, successeur de Lénine et dirigeant soviétique qui sera considéré comme
dictateur. Il fit régner un régime de terreur par la mise à mort ou par l’envoi
aux camps de travaux forcés du Goulag de millions de personnes. Les
arrestations touchèrent diverses catégories sociales ou nationales dont les
membres furent accusés de délits contre-révolutionnaires : anciens bourgeois,
paysans riches ou koulaks (au début des années 1930), membres des organisations
communistes, citoyens des pays rattachés à l'U.R.S.S. en 1940 (Polonais,
Baltes, Ukrainiens de l'Ouest).
Ils étaient envoyés plus
précisément dans des camps de travaux forcés, qui est une forme de camp de
concentration visant à pratiquer le travail forcé voire de l’esclavage en
masse, jusqu’en 1953. Nous savons qu’environ dix à dix-huit millions de
prisonniers sont passés par le Goulag. Le nombre de morts dans les camps du
Goulag allant de 1934 à 1947 est de 963 866 prisonniers morts.
Les camps correctionnels de
travail du Goulag se trouvaient en Sibérie surtout dans la région du Kolyma.
Contrairement aux camps
nazis ou autres, les détenus, appelés les « zeks », ont connu des conditions de
vie plus faciles. Mais il ne faut pas oublier, qu’ils s’agissaient de camps
pour but de redresser les « ennemis » du peuple par le travail. Donc le travail
y était très pénible, les prisonniers travaillaient parfois pendant seize
heures.
3°) Les camps d’internement français
Il y eut également des camps
en France, appelés plus précisément des camps d’internement qui sont des camps
de réfugiés ou de prisonniers de guerre. Ils ont été crées sur une période
commençant de la Première Guerre mondiale jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
En 1914-1918, on parlait de
« camps de concentration » mais ils n’avaient aucun rapport avec ceux de la
période de la Seconde Guerre mondiale car ils n’étaient pas cachés au monde,
ils n’avaient pas pour projet d’exterminer et ils duraient le temps d’un
conflit uniquement.
C’est ainsi qu’avant 1939,
il existait déjà au moins huit camps. Deux types de camps furent crées pendant
la Première Guerre mondiale : les premiers étaient pour les prisonniers civils
allemands, autrichiens et ottomans, détenus à Pontmain en Mayenne et les
deuxièmes pour les réfugiés républicains de la Guerre civile espagnole détenus
par exemple, le camp de Gurs, crée en 1939. Il a été construit pour interner
les combattants de l'armée républicaine espagnole vaincue par le franquisme
pendant le printemps et l’été 1939. Par la suite, il sera utilisé comme centre
d'internement pour les indésirables du régime de Vichy, en été 1940 et
deviendra quelques mois plus tard il devenait un camp de transit pour les
déportés juifs contrôlé par la police de Vichy sous les ordres du général
Pétain.
Entre août 1942 et février
1943, six convois partiront de Gurs, transportant 3907 juifs qui sont conduits
dans le camp de Drancy pour être ensuite déportés à Auschwitz où ils mouront.
Carte établie d'après Anne
Grynberg, Les camps de la honte, Les internés juifs des camps français
1939-1944
Mais dès 1939, les camps
existants seront mis au service de l’Allemagne pour enfermer les opposants au
régime nazi.
De 1939 à 1946, la France a
interné six cents milles personnes dans un très grand nombre de camps dont
certains ne sont pas connus ou très peu. De 1940 à 1944, les camps se
multiplièrent sur tout le territoire français (occupé, libre ou annexé) pour
les Juifs.
Dans les camps de transit on
détenait des Juifs afin de les déporter par la suite en Allemagne dans des
camps d’extermination comme celui d’Auschwitz principalement. Ce fut le cas
pour les camps de Drancy, de Pithiviers et de Compiègne.
Sous le régime de Vichy,
dirigé par le Maréchal Pétain, d’autres camps ont été créés en zone non occupée
et en Afrique du Nord (Maroc, Algérie et Tunisie) entre 1941 et 1944, pour
détenir des Juifs, des patriotes français récalcitrants .Ce fut le cas pour les
camps de Djelfa en Algérie, de Le Kef en Tunisie et de Bou Arfa au Maroc.
Carte des camps en France
selon le type de zone
Carte des camps
d’internement français en Afrique du Nord.
Un seul camp de
concentration existait réellement en France, celui dit «le Struthof » situé en
Alsace alors annexée par l’Allemagne nazie. Le camp s’appelait « KL-Natzweiler
». Ce camp est de catégorie trois, c'est-à-dire des conditions de vie très
sévères et un taux de mortalité élevée (40%). En effet de 1941 à 1945, il est
l’un des plus meurtriers où vingt-deux mille déportés y sont morts. Le site
était composé d’un camp central et de camps annexes avec un bloc crématoire et
une chambre à gaz.
Les
camps de concentration nazis
Tout d’abord, la permission
d’arrêter des personnes et de les enfermer sans aucune raison et la création de
camps de concentration ont été possible grâce à un décret en février 1933, qui
supprime la protection constitutionnelle contre les arrestations arbitraires,
ce qui a permis à la police d’arrêter et d'enfermer n’importe quel citoyen dans
un camp pour une durée illimitée et en avril 1933 un autre décret légalise la
présence de camps de concentration en Allemagne.
Ces camps de concentration
ont été crées dès 1933, sous le Troisième Reich, correspondant à l’arrivée au
pouvoir d’Hitler.
Ils ont été crées pour interner et éliminer
dans un premier temps tous les opposants politiques : communistes, socialistes,
démocrates sociaux, mais aussi des ethnies comme les Tsiganes, également les
Témoins de Jéhovah, et enfin les homosexuels allemands et toutes les personnes
accusées d'avoir un comportement "asocial" ou socialement déviant
comme les criminels ou les vagabonds. Puis dans un deuxième temps, le régime
nazi décida d’y en emprisonner tout le peuple juif afin de les tuer par
épuisement physique mais avant tout moral.
1°)
Premiers camps de concentration allemands
Les premiers camps de
concentration en Allemagne furent construits dès février 1933, un mois après
l’arrivée au pouvoir d’Hitler, par la SA (Section d’Assaut) et par la police
pour pouvoir enfermer le très grand nombre d’opposants politiques arrêtés. Les
premiers camps furent le camp à Oranienburg, à Esterwegen, à Dachau et à
Lichtenburg.
2°) Les camps de concentration après 1935
C’est au fur et à mesure que
les Nazis ont abandonné les premiers camps pour les remplacer par des camps de
concentration organisés centralement sous la juridiction unique de la SS
(Schutzstaffel ; la garde d'élite de l'Etat nazi).
Seul celui de Dachau est
resté en activité de 1933 à 1945. Il servit de modèles pour les nouveaux camps
de concentration. C’est à partir de 1936, que les camps les plus tristement
connus furent crées comme celui de Sachsenhausen, Buchenwald, Flossenbürg,
Mauthausen, Ravensbrück que pour femmes, Gross-Rosen, Stutthof, Neuengamme,
Bergen-Belsen, Maïdanek, Dora, Natzwiller-Struthof.
En 1939, ces camps de
concentration comptent environ vingt-cinq mille détenus. Le but était de les «
annihiler par le travail ». Ce procédé a pour visée de les déshumaniser afin de
les mener à une mort plus rapide.
Carte
des camps allemands, date non précisée.
3°)
Exploitation de la main d’œuvre dans les camps
Suite au déclenchement de la
Seconde Guerre mondiale, il y eut une augmentation des camps. Suite à
l'invasion de la Pologne par l'Allemagne en septembre 1939, les camps
deviennent des camps de travaux forcés. L’Allemagne a utilisé les prisonniers
pour main d’œuvre pour ses industries comme dans les usines Junkers (usines
d’aviation et de moteurs) ou comme BMW. C'est le bureau central de l'économie
et de l'administration SS, la WVHA qui administre les camps C’est environ deux
millions de détenus des camps qui sont employés dans les Industries du Reich à
partir de 1941 jusqu’à la fin de la guerre. Avant le 30 avril 1942, ce procédé
d’exploitation n’avait que pour but une visée politique mais à compter de cette
date, il devint purement économique suite à la proposition d’Oswald Pohl,
officier nazi et directeur de la WVHA (Services d'administration et d'économie
de la SS) ayant pour mission d’organiser l’exploitation du travail des Juifs
dans les camps de concentration. L’exploitation doit « être totale » pour ce
faire les détenus n’avaient pas de limite de durée de travail. Donc Les
autorités SS établirent de nouveaux camps à proximité d'usines.
4°)
La hiérarchie dans les camps de concentration
En 1939, nous voyons l’apparition de camps
mixtes, c'est-à-dire à la fois camp de concentration et camp d’extermination
comme celui d’Auschwitz-Birkenau et de Majdanek.
Les camps sont dirigés par les SS et par leur
chef Heinrich Himmler où ils y font régnés la terreur. Homme politique allemand
qui fut le chef de la Gestapo dans les années 1930 et de la police du Reich. La
gestapo est une police politique nazie crée dans les années 1930 sous
l’autorité de Himmler et de Heydrich. Elle traquait les Juifs et les
résistants. Ensuite les SS choisissent des kapos (détenu, en général prisonnier
de droit commun ou détenu d'origine Allemande, chargé de commander les autres
déportés travaillant à l'extérieur ou dans les services du camp), qui
infligeaient des sanctions très sévères.
Himmler à Dachau, le 8 mai 1936
5°)
Les marches de la mort. La fin des camps.
a)
Les marches de la mort
Vers la fin du conflit,
pendant la dernière année de la guerre, l’armée allemande a été repoussée à l’intérieur
des frontières du Reich. Au fur et à mesure de l’avancée du front soviétique,
les SS ont évacué les détenus des camps.
Les évacuations des camps de concentration donnaient à des marches
forcés qui prirent le nom de « marche de la mort », probablement inventé par
les détenus mêmes. En effet, ces marches étaient très pénibles. Les prisonniers
devaient sur de longues distances dans des conditions hivernales extrêmement
dures. De plus, les détenus subissaient encore de mauvais traitement physique, ils
subissaient les coups des gardes SS, qui avaient ordre d’abattre toutes les
personnes qui s’évanouissaient sur le chemin ou qui ne pouvaient plus marcher.
C’est ainsi qu’ils abattirent des centaines de personnes pour chaque marche.
Mais également des milliers de prisonniers moururent de faim, de froid et
d’épuisement. D'autres prisonniers furent évacués par camions ouverts, livrés
au froid mortel de l'hiver. Les marches furent très nombreuses fin 1944 et
1945, alors que les nazis essayaient de rapatrier les détenus en Allemagne. Les
plus importantes sont parties d’Auschwitz et de Srtutthof, peu avant qu’on
libère ces camps.
Détenu sur une marche de la
mort, date inconnue
b)
Le nombre de victimes
Le nombre de morts ne sera
jamais précis à cause de la destruction des corps dans les fours crématoires.
Mais cependant, les
historiens ont retrouvé les listes des déportés juifs de France qui furent soixante-quinze
mille à mourir dans les camps.
Pour nous faire une idée du
nombre de morts, voici des exemples de camps de concentration ayant recensé le
nombre de décès :
Bergen Belsen 170 000
Buchenwald 56 550
Dachau 70 000
Dora 20 000
Flossenbürg 73 300
Gross-Rosen 40 000
Mauthausen 195 000
Natzwiller 11
000
Neuengamme 55 000
Ravensbrück 65 000
Sachsenhausen 100170
Strutthof 85 000
TOTAL 4 341
008
Ces chiffres prennent en
compte toutes les catégories sociales rassemblées dans les camps de
concentration à savoir : Communistes, Juifs, Tziganes exécutés ou morts pas le travail, résistants
et déportés politiques, républicains espagnols, homosexuels et témoins de Jéhovah,
prisonniers de guerre soviétiques enfermés dans les camps.
Un soldat américain devant
les détenus morts (Libération du camp de Dachau le 29 avril 1945)
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