vendredi 7 juin 2013

Camps de concentration -Le Suicide, etc.





LE SUICIDE

J’étais souvent désespéré et voulais me pendre, mon compagnon de cellule me disait de ne pas le faire, de ne pas être lâche. J’ai fait le mien ce conseil et considère comme un miracle d’avoir survécu.

Il est naturel qu’avec un tel régime, il vienne dans l’esprit des hommes qu’une mort rapide soit une délivrance. C’est pourquoi les cas de suicide furent si nombreux.

Afin de mettre fin à leurs souffrances, de nombreux détenus se sont donné la mort en se précipitant, en groupe, dans la carrière profonde de 120 à 200 mètres.

Quelques-uns devenaient fous en apprenant que leurs enfants avaient été brûlés. Ils se jetaient sur les fils barbelés où passait le courant électrique.

La plupart des suicides consistaient à se jeter contre les fils de haute tension de la barrière intérieure.

Un jour, alors qu’une internée s’était jetée dans les barbelés électrifiés pour échapper à une femme S.S. qui la rouait de coups, cette dernière fit défiler les autres internés devant le cadavre en demandant : « A qui le tour ? »

Une moyenne de 50 femmes mourait par jour, soit de privation, soit qu’elles se suicidaient en se jetant résolument dans les fils barbelés électrifiés qui entouraient le camp.

EXTERMINATION

Après la visite d’Himmler, qui eut lieu de 17 juillet 1942 (que j’ai vu moi-même au camp d’Auschwitz), l’application du gaz pour l’extermination massive fut décidée.

A cet effet, des baraquements à gaz spéciaux avaient été construits sous la forme de vastes halls étanches à l’air, munis de volets de ventilation qu’on pouvait ouvrier ou fermer selon les besoins. Ils étaient installés intérieurement de façon à donner l’impression d’établissements de bain, afin d’abuser les victimes.

Avant la construction des chambres à gaz fixes, il existait des chambres à gaz mobiles, composée par des fourgons fermés dans lesquels on gazait 10 à 12 personnes. On y introduisait une boîte de « Zyklon » et les détenus étaient asphyxiés en 10 ou 12 minutes.

Les chambres à gaz étaient constituées par deux pièces : une dans laquelle les détenus et une seconde dans laquelle ils étaient gazés.

Dans la salle d’attente, les arrivants destinés à être gazés se déshabillaient. Cette salle est l’image de l’hypocrisie et du mensonge hitlérien. Elle était luxueusement aménagée : porte-manteaux le long des murs, surmontés de plaques en émail numérotées avec l’inscription suivante dans les différentes langues : « Si vous voulez retrouver vos effets à la sortie, vous êtes invités à retenir votre numéro ».

Des affiches étaient apposées avec le mot « Désinfection » en plusieurs langues, puis une autre affiche « bains ».

En se déshabillant dans la première pièce, les détenus rangeaient soigneusement leurs vêtements en paquet afin de les retrouver à la sortie. une affiche leur  indiquait également qu'ils avaient à prendre une serviette et du savon ; on les introduisait ensuite dans la chambre à gaz.

Une grande pièce faisait suite à la première, elle avait environ 10 mètres de long, sur 6 ou 7 mètres de large, et 5 ou 6 mètres de hauteur. Elle était traversée dans sa partie supérieure, dans le sens de la longueur et dans le milieu, par deux espèces de cheminées ajourées dont l’ouverture était extérieure et par laquelle arrivait les gaz qui se répandaient dans la pièce par les jours des tuyaux.

Le gaz « Zyklon » a été choisi par les Allemands après des expériences faites à Lublin et après un essai fait à Auschwitz en octobre 1941. Ils ont enfermé pour cela 800 prisonniers de guerre russes dans la cave du block II et les ont gazés le 25 octobre 1941. Deux jours plus tard, 600 Polonais, parmi lesquels se trouvait un très grand nombre d’officiers supérieurs, furent gazés au même endroit. Ensuite, de plus petites expériences furent faites dans le hall même du crématoire n°1 sur des quantités variant entre 50 et 100 personnes.

C’est une voiture ambulante marquée de la croix rouge qui transportait le gaz dans des bouteilles de fer.

Pour l’inauguration du premier four crématoire, en mars 1943, des visiteurs importants vinrent de Berlin. Le « programme » comportait la mise à mort par le gaz et l’incinération de 8 000 Juifs de Cracovie. Les visiteurs, officiers, civils, furent extrêmement satisfaits des résultats et le « voyant » spécial qui avait été adapté dans la porte de la chambre à gaz était constamment utilisé. Les visiteurs se répandirent en éloges sur cette nouvelle installation.

Le système d’extermination par le gaz était surtout appliqué aux déportés raciaux (Juifs et Tziganes) et à quelques détenus politiques.

Dans ces chambres passaient, soit des convois entiers arrivés de la gare et désignés à l’avance pour l’extermination (surtout des convois juifs), soit des inaptes au travail du camp, les vieillards, les infirmes, les gens épuisés, qui ne pouvaient plus travailler ; ces derniers étaient exploités jusqu’à la dernière goutte de leur sang, puis envoyés à la chambre à gaz.

Étaient également exécutés d’autres détenus faisant partie d’autres convois, marqués d’un signe particulier de la Gestapo.

La méthode principale d’extermination des malades et des épuisés était, avant cette époque, la suivante : une chambre exiguë était annexée au crématoire, son entrée était si basse et si étroite que les prisonniers qui devaient passer par cette porte étaient obligés de courber la tête. Deux S.S. se tenaient des deux côtés de cette ouverture, tenant chacun une grosse barre de fer. Quand l’homme se baissait, tâchant de passer par la porte et la franchissait le dos courbé, les S.S. lui assénaient un coup de barre sur les vertèbres cervicales. L’un d’eux ratait-il son coup, l’autre était là. Si l’homme ne mourait pas sur le coup mais tombait sans connaissance, cela n’avait aucune importance. Il était considéré comme mort et fourré dans le foyer du four crématoire.

Les Allemands mettaient à mort aussi dans une automobile spécialement aménagée, dite « Gaswagen ».

SÉLECTION AU CAMP

Tous les 15 jours le médecin S.S. venait faire ce que nous appelions une sélection. Les malades étaient mis nus par les chefs de salle polonais ; ils devaient se tenir debout quel que fût leur état de santé, et ils attendaient des heures à l’arrivée du médecin qui regardait à peine les malades, et enlevait certaines fiches. Deux jours après, les malades dont les fiches avaient été enlevées, partaient vers une destination qu’à ce moment nous ignorions ; le médecin-chef nous demandait de compléter d’autres fiches, en indiquant une cause de mort quelconque avec une date : Monsieur X est mort le ….   de …….  la raison du décès au choix de celui qui remplissait la fiche.

A l’hôpital, des sélections étaient faites toutes les semaines ou toutes les deux semaines.

Tous ceux qui étaient atteints ou même soupçonnés de typhus devaient mourir.

Le 16 août 1942, une sélection de 863 personnes fut faite parmi les malades atteintes de typhus.

En avril 1944, une autre sélection fit 6 000 victimes parmi les femmes juives atteintes de gale.

Nombreux sont les jeunes gens et malades qui, voulant rester plus longtemps à l’hôpital de façon à se rétablir complètement, sont morts ainsi.

Un détenu était entré à l’infirmerie pour un furoncle, donc une maladie bénigne. Il était encore à l’hôpital quand la commission est passée et fut amenée à la chambre à gaz. Lui, croyait qu’il partait pour un autre camp et m’a fait la réflexion suivante : « Docteur, nous nous reverrons à Paris ».

Un Hollandais passa devant le docteur et sur la fiche il était marqué qu’il devait normalement rester encore 5 jours et reprendre le travail. Le docteur dit que 5 jours n’étaient pas assez pour un bon rétablissement mais qu’il fallait au moins 15 jours pour pouvoir reprendre son travail. Après avoir discuté un certain temps, il me donna l’ordre de mettre 15 jours. Le lendemain, j’appris que tous ceux qui devaient rester plus de 15 jours partaient tous à la chambre à gaz.

Parmi les malades, on prenait celles qui avaient de la température.

Les malades israélites et les malades graves aryens n’étaient pas soignés mais dirigés sur la chambre à gaz.

A Ravensbrück, les premières femmes à subir le sort de la chambre à gaz furent les femmes âgées et malades. L’opération eut lieu un matin. Le docteur passa, cocha une croix en face de centaines de malades et se retira. Quelques jours après, un camion noir, bâché conduit par les S.S. vint chercher les femmes ainsi désignées. Sans les laisser se vêtir, il les emmena vers la chambre fatale. Ce fait se renouvela ainsi de nombreuses fois et la terreur commença à régner dans le camp.

Ceux qui présentaient un vilain teint ou se trouvaient dans de mauvaises conditions physiques étaient, selon l’humeur du médecin du camp, destinés à passer au gaz. On les conduisait tout simplement à l’infirmerie d’où 40 à 50% étaient « évacués ». Un « épouillage » qui fit un nombre particulièrement élevé de victimes eut lieu en juillet 1942. Au cours de ce « nettoyage », les faibles, les malades du typhus ou ceux qui, en ayant été atteints se trouvaient encore en période de quarantaine, y furent tous envoyés sans exception. On considérait cette méthode comme la plus radicale.

Les « Musulmans » sont ceux d’entre nous qui arrivaient à un degré d’amaigrissement tel que leur travail ne pouvait raisonnablement être compté comme productif.

Pour les hommes ou pour les petits garçons, ces sélection avaient lieu dans les blocks.

Les sélections de femmes s’effectuaient souvent (sauf pour l’hôpital) dehors, parce que c’était beaucoup plus humiliant pour les dames ou les jeunes filles d’être exposées toutes nues pendant de longues heures à la vue de tous, même des hommes qui travaillaient dans les camps de femmes.

A l’annonce de ces sélections, l’ordre était donné de rassembler toutes les internées, complètement nues, entre les blocks. Une fois le rassemblement effectué, les malheureuses partaient en colonnes par 4, sous la direction de la Blockowa, sur la grande place située près des cuisines. Là, commençaient les opérations de la sélection devant le docteur-chef qui, parfois, était accompagné du Lagerkommandant, mais souvent était seul. Les malheureuses femmes, grelottant de froid et de peur, défilaient à 6 pas devant lui. A ce passage, le bourreau décidait de leur vie, le bras tendu, le poing fermé avec le pouce ; il tournait le pouce à droite ou à gauche. Celles qui étaient désignées pour être à gauche étaient celles destinées au gaz et au crématoire, celles de droite pouvaient rentrer dans leurs blocks respectifs.

On passait également dans les blocks de celles qui travaillaient en dehors des heures de travail et on faisait défiler les détenues ou alors c’était le matin à l’appel.

Les sélections étaient faites sans aucune considération d’âge et de constitution ; robustes ou faibles, jeunes ou vieilles, jolies ou aux visages ridés par les soucis, les peins ou l’appréhension, on ne faisait aucune distinction.

On choisissait suivant l’âge, la couleur des cheveux, les jambes enflées, si elles étaient capables ou non de courir.

Un malheureux qui ne plaisait pas, soit parce que ses vêtements étaient sales ou pour toutes autres raisons de ce genre, était condamné à l’extermination, même s’il était bien constitué et en parfaite santé.

Lorsqu’il n’y avait plus rien d’autre à gazer, on choisissait parmi les femmes juives du camp.

Dans cette administration modèle, c’était le chiffre, le chiffre seul qui comptait. C’est ainsi qu’il arrivait qu’un malade, désigné aujourd’hui pour le gazage du lendemain, décéda à l’hôpital dans les vingt-quatre heures qui le séparaient de l’exécution : les statistiques risquaient d’en être compromises, aussi son corps était-il néanmoins envoyé à la chambre à gaz, en sorte qu’il put figurer à l’entrée du crématoire où s’effectuait un dernier pointage.

J’ai essayé de cacher un certain nombre de femmes en les faisant sauter par la fenêtre, en changeant leur numéro, en les cachant sous des paillasses et en faussant leurs feuilles de température.

J’ai assisté à de terribles scènes de désespoir. Que de cris, de pleurs, de lamentations, de tentatives de suicide, de toutes sortes de prières !

Jamais je ne pourrai oublier ces malheureux, assistant avec effroi à leur arrêt de mort.

Les jours de fêtes juives, le jour de l’an juif et le jour du pardon juif, donnaient l’occasion des sélections de Juifs hongrois qui étaient envoyés au crématoire.

2 000 personnes croyaient partir en Amérique et sont mortes.

Au lieu d’être emmenées en Amérique on les à conduites au gazage.

Il y avait également un autre moyen de se débarrasser des détenus (de la quarantaine) ; il consistait à demander ceux d’entre eux qui, se sentant trop faibles pour effectuer un travail dur, désiraient aller au kommando de la « basse-cour ». Beaucoup naturellement se faisaient inscrire, mais au lieu de les envoyer dans le kommando en question, ils étaient dirigés sur les chambres à gaz.

On demandait par exemple aux vieilles femmes un peu simples si elles se sentaient malades ou fatiguées parce que, dans ce cas, on leur donnerait du lait. Si elles répondaient oui, on écrivait leur numéro sur la liste noire et les pauvres sottes allaient à la mort.

En moyenne, on faisait une sélection de 1 000 personnes par semaine. Lorsque le block était surpeuplé, l’évacuation vers les chambres à gaz était accélérée.

En pendant qu’il décidait de la vie ou de la mort par un signe de la main de centaines ou de milliers de personnes, le docteur sifflait ou chantonnait des airs d’opéra.

Pour sélectionner les enfants, ils les mesuraient, et les enfants étaient envoyés ou non, selon leur taille.

Le docteur, au moyen d’un mètre, décidait : ceux qui dépassaient le mètre étaient sauvés et les autres partaient à la chambre à gaz.

Le médecin du camp, Untersturmführer S.S., m’a raconté, le soir du 21 octobre 1943 que, ce jour-là, dans la chambre à gaz, on a asphyxié au moyen de la préparation de « Zyklon », 300 enfants âgés de 3 à 10 ans.

Il y avait même un kommando de jeunes filles qui étaient chargées de déshabiller les enfants dirigés aux gaz. On appelait ce kommando les « Effets Blancs ». Il est inutile de dire leur moral. Si elles résistaient, c’est elles-mêmes qu’on envoyait au gaz … Par la terreur, on forçait les gens à brûler les leurs.

L’extermination des enfants tziganes commença au mois d’avril 1943.

Un jour, le médecin-chef du camp est venu demander au commandant du camp : « Combien d’enfants avez-vous en charge ? »  « 4 000 » Lui fut-il répondu. « Vous en avez 2 000 de trop. Envoyez-les aux bains ». Le lendemain matin, on en gazait la moitié.

Le mode d’envoi sur le lieu d’exécution était souvent différent ; il s’exécutait aux caprices du bourreau. S’il décidait que ces malheureuses devaient être transportées immédiatement, des camions-autos arrivaient, où elles devaient prendre place, tassées l’une contre l’autre, debout, à 80 et même 100 par camion. Si l’on était à la tombée de la nuit, la colonne se formait et elles étaient dirigées à pied vers le crématoire, encadrées par de multiples S.S. prêts au carnage à la moindre tentative de fuite ou si elles n’étaient pas bien en file dans les files extérieures, elles étaient immédiatement abattues. Elles partaient parfois en colonne de 2 ou 3 000 et plus.

Quelquefois, lorsque le jour de l’exécution était arrivé, on fermait tous les blocks (cela se passait le soir), on assemblait tous les malades et ils attendaient l’arrivée des camions sur lesquels ils étaient chargés, puis dirigés sur le crématoire où ils trouvaient les chambres à gaz situées à environ 400 mètres de l’hôpital.

En 1942, les commissions procédaient tout autrement au moment où les détenus venaient de passer la visite, une voiture attendait, puis ils étaient emmenés au four crématoire.

On faisait monter les sélectionnées dans les camions, mélangeant les mortes avec les bien portantes.

Les S.S., mitraillette en main, faisaient monter les gens. Les Juifs furent très courageux, ils insultaient les S.S. et leur prédisaient une mort pareille à la leur : « Vos femmes et vos enfants crèveront comme nous ».

J’ai été témoin des départs pour les chambres à gaz des femmes que se savaient condamnées et qui étaient entassées dans les camions, vêtues d’une chemise avec leur numéro inscrit sur le bras.

La façon dont ceux qui étaient condamnés au gaz étaient menés à leur destin était exceptionnellement brutale et inhumaine. Les cas chirurgicaux graves portant encore leurs pansements ainsi qu’une procession de malades épuisés et terriblement émaciés, et même les convalescents en voie de guérison, étaient chargés sur des camions. Ils étaient nus et le spectacle était absolument horrible. Les camions s’arrêtaient à l’entrée du quartier et les malheureuses victimes y étaient simplement jetées ou empilées par les auxiliaires. Je fus témoin souvent de ces expéditions tragiques.

Une centaine d’individus étaient comprimés dans un petit camion. Tous savaient exactement le sort qui les attendait. Une grande majorité restait absolument apathique, tandis que les autres, surtout les malades de l’infirmerie avec leurs blessures béantes qui saignaient ou leurs plaies horribles, se débattaient avec frénésie. Tout autour des camions, les S.S. s’agitaient comme des fous, repoussant la foule hurlante qui essayait de se pencher. C’était toujours une expérience terrible que d’avoir à tirer nos amis jusqu’au camion. Ils étaient calmes pour la plupart et nous disaient adieu mais ils n’oubliaient pas de nous rappeler : « N’oubliez pas de nous venger ». Dans de telles conditions, le cœur des hommes se change en pierre. Imaginez-vous un prisonnier tuant son frère dans l’une des salles des malades pour lui éviter de subir l’horrible voyage en camion Je connais le nom et le matricule de ces deux prisonniers.

Un transport attendait dehors que le transport précédent soit exterminé.

Les camions partaient et revenaient à une vitesse extraordinaire ; ils mettaient cinq à six minutes pour faire l’aller et le retour.

Un dimanche, dans le « Revier » des tuberculeuses, le camion fit six voyages à craquer, emmenant des femmes à peine atteintes. Le samedi de Pâques, 7 camions de femmes furent conduits à la chambre à gaz. Parmi elles, un témoin a cité la Supérieure Générale d’un refuge lyonnais du redressement de l’enfance « Mère Élisabeth ».

On n’entendait plus parler de ces femmes et, quelques jours après, elles étaient portées « décédées au camp de convalescence ». C’était le terme consacré.

Et pendant que des transports d’innocents se dirigeaient vers le four, de l’autre côté de l’allée, l’orchestre jouait de grands airs.

En général, on prenait  80% des malades : ceux-ci savaient qu’ils allaient mourir mais on les laissait encore quarante-huit heures dans le block.

90 sur 100, un jour ont été pris dans la baraque où je soignais les malades. J’ai pleuré comme un enfant.

On sélectionnait environ 2 000 personnes à la fois, prises parmi les plus faibles. Ces personnes étaient gazées puis brûlées.

La plus importante sélection eut lieu le 1er janvier 1944. En effet, 85% de l’effectif du camp, qui était constamment renouvelé et brûlé.

Sur 5 à 6 000 femmes envoyées dans le camp, il en est revenu 2 à 300.

Sur 10 000 Grecs, 1 000 restèrent vivants et ils furent envoyés par la suite avec 500 Juifs pour accomplir des travaux de fortification à Varsovie. Quelques semaines plus tard, plusieurs centaines d’entre eux revinrent dans un état pitoyable et ils furent immédiatement mis à mort par le gaz. Le reste mourut probablement à Varsovie.

Deux transports de Sokols tchèques, arrivés au camp en mars 1942, ont été passés dans les chambres à gaz mobiles et brûlés ensuite dans les fossés.

Au cours de l’été 1942, 10 000 prisonniers ont été amenés dans le camp. Sous prétexte qu’ils étaient Juifs ou commissaires politiques, ils ont tous été exécutés en un mois.
                                                                  
Lorsque les Hongrois (en majeure partie des tziganes) sont arrivés, on les a exterminés jour et nuit pendant deux mois. Ils étaient 600 000 ou 700 000. Les 5 fours ne suffisaient pas. On a creusé des fosses.

A ce camp, on recevait de 3 à 4 000 romanichels par jour, des métis, pour la plupart des femmes dont le mari était soldat au front et aussi des enfants d’une douzaine d’années ayant un père au front et une mère travaillant en usine, tous de la tribu des Gitans, qui vivaient en territoire allemand.

Le 1er août 1944, les quelques milliers de survivants d’un groupe de 20 000 tziganes, déjà décimés par la maladie et par des traitements particulièrement sauvages, sont exterminés à leur tour.

Les tziganes furent en fin de compte exterminés à 100%

Voici comment on procédait : on en emmenait une partie à Auschwitz. Dans l’intervalle, on faisait passer à la chambre à gaz ceux qui étaient restés à Birkenau puis on faisait revenir ceux qui avaient été envoyés à Auschwitz pour les gazer à leur tour.

La proportion des gens « sélectionnés » était telle qu’on mentionnait seulement les numéros matriculés de ceux qui restaient et non ceux des victimes qui étaient trop nombreuses.

La nuit on voyait sortir des cheminées des fours crématoires des flammes de 10 mètres de haut.

A suivre - Sélection à l'arrivée-

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