| 10.04.10 | 14h47 •
Qu'on les appelle Gitans, Manouches, Romanichels, Gypsies ou Tziganes, selon les pays et les régions, la situation des Roms en Europe ne cesse de se dégrader. Cette minorité de douze millions de personnes, dont plus de neuf millions sont citoyens de l'Union européenne, reste en marge de la société, en dépit des récurrentes déclarations d'intention en faveur de leur insertion sociale.
A l'occasion de la Journée internationale des Roms, célébrée le 8 avril, un rapport de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a dénoncé "l'aggravation d'une tendance à l'anti-tsiganisme de la pire espèce". Il s'interroge aussi sur les raisons pour lesquelles les efforts déployés au cours des vingt dernières années pour aider les Roms ont presque tous échoué.
La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a rappelé que les droits des Roms sont "une priorité des Etats-Unis sous l'administration Obama" et que Washington travaillera avec ses partenaires pour que "le respect de ces droits devienne la règle en Europe". Une détermination, hélas, que n'affiche pas la Commission européenne. Ceux qui espéraient que le deuxième sommet européen consacré à la population rom, les 8 et 9 avril à Cordoue, remettrait la question au coeur de l'agenda européen ont été déçus.
Un temps prévu, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s'est décommandé. Boudée par les ministres de la plupart des pays européens, la réunion s'est résumée à un débat académique. Et la "Déclaration de Cordoue" ne contient aucun engagement concret.
Bruxelles a découvert la dimension européenne du problème en 2005 lors de l'élargissement, avec l'arrivée massive de Roms en Europe de l'Ouest en vertu de la libre circulation. Mais, depuis, elle n'a défini aucune stratégie lisible pour combattre la discrimination et favoriser l'insertion des Roms.
"Douze millions de citoyens de seconde zone attendent de l'action", s'est impatienté Pierre Lellouche à Cordoue. Le secrétaire d'Etat français à l'Union européenne a insisté à juste titre sur l'urgence de la situation et proposé aux autres Etats membres l'expertise de la France.
Paris a entamé une coopération avec la Roumanie, le pays d'origine de la plupart des Roms vivant dans l'Hexagone, qui inclut un volet répressif. Paris entend aussi réprimer le trafic d'êtres humains dont ils sont victimes. "La présence de ces réseaux dans nos rues risque d'alimenter le racisme et le rejet de l'Europe", a-t-il résumé, faute pour les Européens d'avoir trouvé un terrain d'entente.
Article paru dans l'édition du 11.04.10
http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2010/04/10/racisme-marginalite-le-triste-sort-des-roms_1331596_3208.html
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