mercredi 29 octobre 2014

LE DEVOIR DE MEMOIRE DOIT S’AMPLIFIER



 

 

AU COURS DES ANNÉES QUI VIENNENT  DU FAIT DE LA RECONNAISSANCE DU SAMUDARIPEN


La barbarie nazie n’épargna pas les Tziganes. Ils vécurent les mêmes épreuves que les Juifs, en pire. En effet, dès 1936 ceux d’Allemagne, considérés comme des "non-personnes", furent envoyés dans des camps de concentration en Autriche ou dans leur pays. Les femmes étaient stérilisées force (cela continue encore de nos jours dans certains pays tels la Suisse et la Suède entre autre), car les Nazis considéraient qu’elles ne méritaient pas de se reproduire. Puis commença ce qu’on appela alors "la destruction des vies inutiles". Dans toute l’Europe occupée, on entreprit la traque du "gibier" tzigane, d’abord en 1939, ensuite en 1941 et 1943. L’extermination d’environ 600 000 nomades eut essentiellement lieu dans les camps polonais.

En réalité, la persécution des Fils du Vent commença avant l’arrivée des nazis au pouvoir, avec les lois de contrôle de la "plaie tzigane" dès 1926. Deux ans plus tard, la surveillance devint spécifique et permanente. Puis vint, dès 1933, la "stérilisation eugénique", l’interdiction des mariages mixtes en 1934-35 et, enfin, les premiers enfermements au camp de Dachau et Marzan, dès 1936.

C’est à l’automne 1939 que les déportations deviennent massives et c’est sur deux cent cinquante enfants tziganes que les nazis testèrent le zyklon B, au camp de Buchenwald, en février 1940.

Cette politique-là, les nazis l’étendirent à l’ensemble de l’Europe occupée. Ensuite commença l’extermination à grande échelle. Si l’on en croit les nazis, la moitié de la population tzigane d’Europe recensée fut supprimée. Tragédie supplémentaire, le nom des victimes tziganes ne fut même pas mentionné durant le procès de Nuremberg ! L’oubli total... alors qu’on ne cesse de commémorer le martyre juif (chose logique). Il y a donc deux poids, deux mesures - ni plus ni moins.

C’est pourquoi moi, d’origine  tzigane et donc membre de ces communautés, j’ai il y a 26 ans déjà décidé de prendre ma plume pour rappeler au monde cette énorme injustice. Il est temps de rendre hommage aux victimes tziganes, qui d’ailleurs furent parmi les résistants les plus acharnés.

En effet, très tôt ce peuple libre et fier comprit le sort qui lui était réservé. Il accepta immédiatement de rejoindre la lutte clandestine, pour mener ce que l’historien hollandais Jan Yoors appellera la "guerre secrète des Tziganes". Aguerri, malin, il usera de mille stratagèmes pour déjouer la vigilance des nazis, porter des messages ou transporter armes et explosifs. De nombreux fugitifs furent sauvés grâce aux Tziganes. On leur doit aussi de nombreuses actions terroristes de résistance à l’ennemi hitlérien.

Marzhan En 1945, les nazis aux abois se livrèrent encore à de multiples massacres sur les derniers Tziganes internés dans les camps allemands. Et plusieurs pays européens gardèrent internés pendant plusieurs mois leurs populations ! Quant aux résistants qui avaient survécu, ils ne bénéficièrent même pas, à la fin de la guerre, des promesses d’intégration sociale qui leur avaient été faites. Et ils ne trouvèrent personne pour les défendre, ni même évoquer la mémoire des disparus. Bien sûr, aucun d’entre eux ne réclama réparation pour tous les préjudices subis. Le peuple tzigane ne revendique jamais ; il subit en silence - et en musique, car chez eux l’instinct de survie et le goût pour les arts a toujours raison des événements les plus dramatiques. Je l’ai expérimenté en me rendant personnellement dans des familles partageant leur existence misérable dans des campements dénués de tout confort si minime soit-il. L’horreur absolue, et une joie inscrite dans les gènes pour transcender les moments les plus difficiles. Admirable peuple ! Ce séjour marqua de manière indélébile mon esprit, et me fit prendre conscience de ma situation de tzigane.
Quelle a été la politique à l’égard des Tziganes en France ?

Traditionnellement, les sédentaires se méfient des nomades. Dès 1912, les populations errantes se voient attribuer un carnet anthropométrique, visé dans chaque commune, à l’arrivée comme au départ. A cette époque, déjà, les Tziganes, tout comme les Juifs, sont victimes de persécutions et de discriminations.

Le gouvernement de Vichy durcit cette politique. Et, dès l’automne 1940, des Tziganes sont internés dans des camps de concentration, à Argelès-sur-Mer et au Barcarès, dans les Pyrénées-Orientales, camps créés à l’origine afin d’accueillir les réfugiés espagnols et les Juifs. Même logique d’exclusion, pour des populations pourtant différentes. Et ce sont près de trois mille Tziganes qui auraient été internés dans l’ensemble de la France entre 1940 et 1946.
POUR INFORMATION :

- 3 camps d’internement   pour les communautés de confession Israélite (Drancy, Pithiviers, Beaune la Rolande).
- 7 camps d’internement pour les Tziganes (Linas-Montlhéry, Coudrecieux, Montreuil-Bellay, Angoulême, Saliers, Jargeau, Moisdon la Rivière.
- 20 camps d’internement mixte.
- 2 camps de concentration.

C’est en 1942 qu’est créé le camp d’internement réservé aux nomades, celui de Saliers

Le camp est situé en zone libre, sur la commune d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône. Il s’est d’abord inscrit dans une logique de sédentarisation, puis d’enfermement. Pour commencer, trois cents nomades doivent s’entasser dans des petites cabanes inachevées, sans électricité. Les conditions d’hébergement et de ravitaillement sont lamentables. Le sort des enfants est particulièrement difficile; ils ne sont évidemment pas scolarisés. Sans vêtements de rechange, les hébergés finissent par porter des loques. Ils sont squelettiques, mais ils résistent. Aguerris et indomptables. Finalement, le sous-préfet d’Arles demande la fermeture du camp dès juillet 1944.

Ceux qui ont survécu à l’enfer ont gardé vivante la mémoire du camp. Mais le site n’a conservé aucune trace du lieu.

Ce camp a été détruit après le tournage à l’intérieur du très beau film d’Henri Georges Clouzot « le salaire de la peur » l’accord pour le tournage aurait été donné à condition que le film terminé la destruction du site soit effective ce qui a été fait (d’ailleurs pour ceux qui ont vu le film peuvent attester du lieu de tournage puisque au début du film on voit nettement des cabanes en forme de cabanes de gardians utilisés pour les besoins du film).

Dans les camps de concentration allemands, les Tziganes ont été littéralement massacrés. On cite par exemple le chiffre de 20 000 pour la seule nuit du 31 juillet 1944, à Auschwitz. Le 1er août, un officier S.S d’Auschwitz put écrire, après l’envoi des Tziganes à la chambre à gaz : "Mission terminée, traitement spécial exécuté". Traitement spécial ! Pire encore que celui que subirent les Juifs, les handicapés, les malades mentaux, les homosexuels, les communistes, les résistants ! Et au total, pour la seule Allemagne, entre 750 000 et  1 millions sur les 1 750 000 tziganes recensés en Europe à l’époque auraient péri.

A Dachau, les Tziganes étaient tués le jour même de leur arrivée ou le lendemain. Simplement parce qu’ils étaient nés Tziganes.

Comme les Juifs, les Tziganes ont été victimes de l’idéologie nazie, politique de la race afin de régénérer le sang allemand, et politique de l’espace pour la création d’une grande Allemagne débarrassée des éléments impurs, étrangers, inférieurs. L’élimination des Tziganes aura d’autant mieux été acceptée, que la mise à l’index était ancienne.

Dans ce concert d’extermination aucune voix ne s’est fait entendre pour défendre la cause des Tziganes discriminés, stérilisés, persécutés, spoliés, exterminés (si ce n’est quelques voix de personnalités du monde catholique).

 Nul droit officiel à la mémoire, nulle indemnité, nul droit à une commémoration officielle.
 R I E N. Le vide absolu. Ostracisme complet.

D E F I N I T I F ?

Il est à espérer qu’en 2014 nous soit attribué dans un premier temps un jour de commémoration propre à nos populations pour le moment le génocide a été reconnue  lors d’un discours du Président  Hollande et par une lettre que l’association Notre Route de la Présidence de la République confirmant cette reconnaissance, Ce qui nous a poussé à faire un courrier à Madame le Ministre de l’Education l’inscription dans les livres d’histoire de la véracité du Samudaripen (génocide tzigane ) au même titre que la Shoa.

Plusieurs termes sont utilisés désigner le génocide Tzigane :

Le linguiste Marcel Courthiade donne le nom de « SAMUDARIPEN » (meurtre collectif total)
L’universitaire Rrom hollandais Ian Handcook préconise le nom de « PORAJMOS » (dévorer en totalité) certains rejettent ce terme car, dans plusieurs dialectes, ce mot est un synonyme de Poravipe qui signifie « viol ».

Certains Rrom de Russie et des Balkans protestent contre l'utilisation de « PORAJMOS et les activistes Rrom de Russie préconisent : celui de « KALI TRAS ».
                                                                                                     
                                                                                                Réalisation Notre Route Amaro Drom

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