dimanche 14 octobre 2018

Le camp de femmes à Ravensbrück


Le camp reçoit les premières femmes en 1939, la majorité des détenues proviennent du camp de concentration de Lichtemburg.

Ravensbrück est situé tout près d’une mine de sel, c’est pratique, les femmes n’ont qu’à faire quelques mètres pour être au boulot, mais dans cette mine, il n’y a pas de travail pour les près de 70 000 détenues. De nombreuses femmes sont alors envoyées sur d’autres mines de sel (il en existe plus de cinquante entre la mer Baltique et la Bavière) mais aussi dans les usines pour servir l’industrie d’armement à partir de 1944. En effet, l’Allemagne nazie soumet les femmes au travail forcé dans la production d’arme car la guerre bat son plein, mais des usines sont également construites à proximité du camp pour servir la production textile.
En avril 1941, un camp pour hommes (20 000) est construit à côté de celui des femmes et en 1942, c’est un camp d’internement pour jeunes délinquantes (1 000) qui ouvre ses portes, de fait, la zone devient un centre névralgique du travail forcé, la main-d’œuvre y est nombreuse. Mais Ravensbrück n’est pas qu’un camp de travail, en un peu moins de six années, sur les plus de 132 000 femmes qui ont été enfermées, 90 000 ont été tuées. En 1944, la SS fait aménager dans un des blocs du camp, proche du crématorium, une chambre à gaz provisoire où elle assassine juste avant la fin de la guerre entre 5 000 et 6 000 détenues.

Pour faire régner l’ordre dans les camps, Ravensbrück a servi de centre de formation pour plus de 4 000 femmes. A Ravensbrück 150 femmes S.S sont employées.



Les naissances dans le camp de Ravensbrück
Avant 1944, généralement les femmes qui arrivent au camp pendant leur grossesse sont éliminées. On veut s’éviter les emmerdes alors on tue la mère et l’enfant, ou alors on attend l’accouchement et on se déleste du nourrisson en le noyant dans un sceau sous les yeux de sa mère ou en l’étouffant. L’agonie des nouveau-nés pouvait durer jusqu’à 30 minutes. Les témoignages sont terribles. Je ne sais pas pourquoi à partir de 1944, on n’élimine plus les enfants, nous n’avons pas trouvé les raisons de ce changement de cap, mais on consacre une pièce à Ravensbrück où ils sont déposés à même-le sol ou sur des paillasses, on les nourrit avec un peu de lait en poudre et des farines cuites (dons de prisonnières qui en recevaient par colis), mais en 1944, les bébés ne vivent jamais plus de trois mois dans de telles conditions. C’est alors qu’on met en place la Kinderzimmer (la chambre des enfants) dans le bloc 11 de Ravensbrück. On trouve dans la chambre deux lits de deux étages superposés où quarante enfants peuvent être couchés les uns à côté des autres. Malheureusement, rien ne change, les enfants ne sont pas changés, ils ne connaissent ni hygiène ni biberon… On leur découpe des changes dans des vieux uniformes et seule la solidarité des prisonnières leur permet d’avoir un peu de lait. A peine. De fait, tous les enfants décèdent. Seuls ceux qui sont nés juste avant la libération ont survécu soit une quarantaine sur les cinq cent recensés (le registre était-il vraiment tenu à jour ? Rien n’est moins sûr…)




Les femmes sélectionnées pour… les bordels
Comme nous avons déjà parlé dans cet article, nous ne pouvons pas trop m’étendre ici mais la plupart des femmes envoyées dans tous les bordels des camps de concentration sont passées et ont été sélectionnées à Ravensbrück. Elles sont principalement polonaises et hongroises et sont envoyées pour six mois dans les bordels. Mais il est rare qu’elles en reviennent car les heures de prostitution se font en plus des heures de travail et les femmes, si elles ont la chance d’avoir un peu plus de nourriture que les autres, décèdent souvent de fatigue et malnutrition ou on les élimine si elles contractent des maladies sexuellement transmissibles. Quelques femmes se sont portées volontaires car on leur faisait miroiter une sortie plus rapide du camp de concentration. En réalité, il n’en était rien : on ne ressortait jamais vivant qu’un camp.
Certaines femmes ont été sélectionnées à partir de l’été 1942 pour servir des expériences médicales comme la stérilisation par injection d’acide (lien), on les appelle les lapines, ou encore pour tester la résistance à différentes substances chimiques ou la transplantation d’os (pratique qui nécessite une amputation). Plus de 80 femmes de Ravensbrück ont subi ces mutilations, nombreuses en sont mortes, les autres ont souffert de douleurs physiques horribles jusqu’à la fin de leurs jours.

Entre 1942 et 1945, le commandant du camp Fritz Suhren permet aux médecins du camp, notamment Gebhardt, de pratiquer des expérimentations médicales de stérilisation sur les femmes Tziganes. Il est aussi connu pour sa politique d’extermination dans le camp par l’épuisement par le travail, la violence et la distribution de moins de nourriture possible. Alors qu’il arrive à prendre la fuite lors de la libération de Ravensbrück, il est capturé en 1949 puis après un jugement, il est condamné puis fusillé le 12 juin 1950






Les femmes sélectionnées pour… mourir
Les femmes trop faibles pour travailler sont mise à l’écart puis assassinées dans le camp de Ravensbrück et incinérées dans un four crématoire à quelques kilomètres jusqu’en 1943, mais ensuite, trop nombreuses, elles sont envoyées dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Cependant, il n’est pas rare qu’à l’infirmerie des femmes soient tuées par une injection létale, ou encore en 1944 alors que le régime allemand se sent pris au piège et voit sa fin arriver, une chambre à gaz est ajoutée au camp de Ravensbrück afin de faire le plus de victimes possible, et en effet début avril 1945, plusieurs milliers de détenues sont gazées dans le camp pendant que d’autres sont contraintes de migrer vers le nord du pays.






La libération de Ravensbrück
En effet, à la fin du mois de mars, les S.S décident de faire évacuer le camp pour femmes, ainsi plus de 20 000 prisonnières prennent la route alors qu’elles sont déjà épuisées et malnutries. C’est ce que l’on appelle les marches de la mort. Certaines d’entre-elles ont eu la chance de croiser sur leur chemin des troupes soviétiques qui ont pu les libérer du joug de la politique génocidaire du IIIème Reich. Il y a eu également des S.S qui ont remis des centaines de prisonnières aux réseaux de La Croix Rouge suédoise et danoise, juste avant la libération du camp par les troupes soviétiques les 29 et 30 avril 1945. Il ne reste alors dans le cas seulement 3 500 détenues, les plus affaiblies ou les malades. Sur les 130 000 femmes qui ont passé les portes de Ravensbrück, seules 40 000 ont survécu.







Qui est Irma Grese ?

Le père de Irma Grese, Alfred, est un ouvrier de laiterie. Sa mère, Berta, est au foyer pour gérer la fratrie de cinq gamins. Trois filles et deux garçons. Globalement, c’est pas la belle vie pour Berta, elle s’occupe des enfants et Alfred en profite pour dilapider la paye dans un bistrot. Faut dire qu’il couche avec la propriétaire… Lorsque Berta l’apprend en 1936, elle décide de boire de l’acide chlorhydrique et elle décède, laissant cinq enfants orphelins et un mari farouchement opposé au nazisme (à cette époque-là, c’est compliqué). A la mort de sa mère, Irma a douze ans. Deux ans après le décès de son épouse, Alfred se remarie. Il ne délaisse pas ses enfants mais il est un peu dépassé par le comportement de sa fille. En effet, en 1938, Irma qui n’est pas bien douée à l’école décide d’arrêter d’y aller pour rejoindre la Ligue des jeunes filles allemandes (Bund Deutscher Mädel). A côté de ça, Irma Grese travaille en tant qu’aide-soignante et tente de devenir infirmière, mais elle n’y parvient pas.
Irma Grese intègre le parti nazi

La Bund Deutscher Mädel, c’est l’aile féminine des Jeunesses hitlériennes. Évidemment, on ne leur apprend pas à être libres et indépendantes… Non, on leur apprend à devenir de bonnes épouses, de bonnes mères et à être bonnes tout court (toute la journée du samedi est consacrée à la gymnastique)


 




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