lundi 2 juin 2014

Camps de la mort






Introduction
Tout d’abord, il faut savoir ce qu’on entend par camp de concentration car bien souvent nous le confondons avec le camp d’extermination. Cette confusion est née à cause du régime nazi qui employait le terme de « camp de concentration » pour désigner quelques-uns de leurs « camps d’extermination ». Il est vrai que nous pouvons confondre ces deux types de camps du fait que le camp de concentration peut atteindre un taux de mortalité très élevé et une très grande morbidité.
Un camp de concentration est une installation de détention de grès grande taille, dont le but est de regrouper et d’enfermer des personnes qualifiées d’ « ennemis » au gouvernement d’un état, c'est-à-dire par exemple, des opposants politiques, des natifs d’un pays ennemi, des groupes de personnes appartenant à une ethnie ou religion spécifique, ou encore des civils d’une zone de combat. Généralement, cette simple décision d’enfermement est prise par la police ou l’armée du pays.
Bien souvent, la plupart de ces camps de concentrations correspondent à des camps de travaux forcés. Ils sont utilisés fréquemment lors d’une guerre. Les détenus ne passent pas devant un tribunal et ils sont jugés en masse, c'est-à-dire qu’ils ne sont pas jugés individuellement.
Les conditions de vie et de travail sont très difficiles ce qui explique le taux important de mortalité dans ces lieux mais aussi en raison d’une mauvaise alimentation.

L’historique des camps

1°) Les premiers camps

La première apparition du terme « camp de concentration » est due aux Britanniques d’Afrique du Sud suite à la guerre qu’ils ont mené contre les Boers entre 1900 et 1902. Les Boers sont des colons d'origine néerlandaise, allemande et française, arrivés en Afrique du Sud aux XVIIe et XVIIIe siècles, occupant des états sud-africains. Cette guerre eu lieu à cause de l’annexion du Griqualand le 27 octobre 1871, où on y découvrit des diamants. Grâce à une habilité politique, c’est la Grande Bretagne qui héritera de cette dernière. Mais la situation se dégrade vite entre les deux colonies, et les Britanniques décident d’annexer également le Transvaal.
Mais l’idée même d’un camp où on peut réunir un grand nombre de personne fut appliquée un peu plus tôt par les Espagnols pendant la guerre d’Indépendance à Cuba qui dura de 1895 à 1898. Elle opposa l'armée libératrice cubaine aux forces du Royaume d'Espagne d'Alphonse XIII d'Espagne. Pour « concentrer » les populations civiles, le général Valeriano Weyler y Nicolau a l'idée en 1897 de créer des places contrôlées par l’armée pour y mettre les personnes et afin d’anéantir tout soutien à la rébellion. Mais c’est qu’après la défaite espagnole qu’est repris le terme « reconcentrations » et son principe par les Britanniques contre les Boers.
De ce fait, le général anglais Kitchener voulant se « débarrasser » de la résistance des Boers, utilisa le fil de fer barbelé pour créer des camps. En mai 1902, les derniers Boers se rendirent et grâce au Traité de Vereeniging, la guerre prit fin véritablement.

2°) Les camps du Goulag

Ce sont dans les années 1930, que les camps de concentration se sont vus multipliés sous l’U.R.S.S de Staline, successeur de Lénine et dirigeant soviétique qui sera considéré comme dictateur. Il fit régner un régime de terreur par la mise à mort ou par l’envoi aux camps de travaux forcés du Goulag de millions de personnes. Les arrestations touchèrent diverses catégories sociales ou nationales dont les membres furent accusés de délits contre-révolutionnaires : anciens bourgeois, paysans riches ou koulaks (au début des années 1930), membres des organisations communistes, citoyens des pays rattachés à l'U.R.S.S. en 1940 (Polonais, Baltes, Ukrainiens de l'Ouest).
Ils étaient envoyés plus précisément dans des camps de travaux forcés, qui est une forme de camp de concentration visant à pratiquer le travail forcé voire de l’esclavage en masse, jusqu’en 1953. Nous savons qu’environ dix à dix-huit millions de prisonniers sont passés par le Goulag. Le nombre de morts dans les camps du Goulag allant de 1934 à 1947 est de 963 866 prisonniers morts.

Les camps correctionnels de travail du Goulag se trouvaient en Sibérie surtout dans la région du Kolyma.
Contrairement aux camps nazis ou autres, les détenus, appelés les « zeks », ont connu des conditions de vie plus faciles. Mais il ne faut pas oublier, qu’ils s’agissaient de camps pour but de redresser les « ennemis » du peuple par le travail. Donc le travail y était très pénible, les prisonniers travaillaient parfois pendant seize heures.

3°) Les camps d’internement français

Il y eut également des camps en France, appelés plus précisément des camps d’internement qui sont des camps de réfugiés ou de prisonniers de guerre. Ils ont été crées sur une période commençant de la Première Guerre mondiale jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
En 1914-1918, on parlait de « camps de concentration » mais ils n’avaient aucun rapport avec ceux de la période de la Seconde Guerre mondiale car ils n’étaient pas cachés au monde, ils n’avaient pas pour projet d’exterminer et ils duraient le temps d’un conflit uniquement.
C’est ainsi qu’avant 1939, il existait déjà au moins huit camps. Deux types de camps furent crées pendant la Première Guerre mondiale : les premiers étaient pour les prisonniers civils allemands, autrichiens et ottomans, détenus à Pontmain en Mayenne et les deuxièmes pour les réfugiés républicains de la Guerre civile espagnole détenus par exemple, le camp de Gurs, crée en 1939. Il a été construit pour interner les combattants de l'armée républicaine espagnole vaincue par le franquisme pendant le printemps et l’été 1939. Par la suite, il sera utilisé comme centre d'internement pour les indésirables du régime de Vichy, en été 1940 et deviendra quelques mois plus tard il devenait un camp de transit pour les déportés juifs contrôlé par la police de Vichy sous les ordres du général Pétain.
Entre août 1942 et février 1943, six convois partiront de Gurs, transportant 3907 juifs qui sont conduits dans le camp de Drancy pour être ensuite déportés à Auschwitz où ils mouront.



Carte établie d'après Anne Grynberg, Les camps de la honte, Les internés juifs des camps français 1939-1944

Mais dès 1939, les camps existants seront mis au service de l’Allemagne pour enfermer les opposants au régime nazi.

De 1939 à 1946, la France a interné six cents milles personnes dans un très grand nombre de camps dont certains ne sont pas connus ou très peu. De 1940 à 1944, les camps se multiplièrent sur tout le territoire français (occupé, libre ou annexé) pour les Juifs.
Dans les camps de transit on détenait des Juifs afin de les déporter par la suite en Allemagne dans des camps d’extermination comme celui d’Auschwitz principalement. Ce fut le cas pour les camps de Drancy, de Pithiviers et de Compiègne.

Sous le régime de Vichy, dirigé par le Maréchal Pétain, d’autres camps ont été créés en zone non occupée et en Afrique du Nord (Maroc, Algérie et Tunisie) entre 1941 et 1944, pour détenir des Juifs, des patriotes français récalcitrants .Ce fut le cas pour les camps de Djelfa en Algérie, de Le Kef en Tunisie et de Bou Arfa au Maroc.



Carte des camps en France selon le type de zone 



Carte des camps d’internement français en Afrique du Nord.
Un seul camp de concentration existait réellement en France, celui dit «le Struthof » situé en Alsace alors annexée par l’Allemagne nazie. Le camp s’appelait « KL-Natzweiler ». Ce camp est de catégorie trois, c'est-à-dire des conditions de vie très sévères et un taux de mortalité élevée (40%). En effet de 1941 à 1945, il est l’un des plus meurtriers où vingt-deux mille déportés y sont morts. Le site était composé d’un camp central et de camps annexes avec un bloc crématoire et une chambre à gaz.

Les camps de concentration nazis

Tout d’abord, la permission d’arrêter des personnes et de les enfermer sans aucune raison et la création de camps de concentration ont été possible grâce à un décret en février 1933, qui supprime la protection constitutionnelle contre les arrestations arbitraires, ce qui a permis à la police d’arrêter et d'enfermer n’importe quel citoyen dans un camp pour une durée illimitée et en avril 1933 un autre décret légalise la présence de camps de concentration en Allemagne.
Ces camps de concentration ont été crées dès 1933, sous le Troisième Reich, correspondant à l’arrivée au pouvoir d’Hitler.

 Ils ont été crées pour interner et éliminer dans un premier temps tous les opposants politiques : communistes, socialistes, démocrates sociaux, mais aussi des ethnies comme les Tsiganes, également les Témoins de Jéhovah, et enfin les homosexuels allemands et toutes les personnes accusées d'avoir un comportement "asocial" ou socialement déviant comme les criminels ou les vagabonds. Puis dans un deuxième temps, le régime nazi décida d’y en emprisonner tout le peuple juif afin de les tuer par épuisement physique mais avant tout moral.

1°) Premiers camps de concentration allemands

Les premiers camps de concentration en Allemagne furent construits dès février 1933, un mois après l’arrivée au pouvoir d’Hitler, par la SA (Section d’Assaut) et par la police pour pouvoir enfermer le très grand nombre d’opposants politiques arrêtés. Les premiers camps furent le camp à Oranienburg, à Esterwegen, à Dachau et à Lichtenburg.

 2°) Les camps de concentration après 1935

C’est au fur et à mesure que les Nazis ont abandonné les premiers camps pour les remplacer par des camps de concentration organisés centralement sous la juridiction unique de la SS (Schutzstaffel ; la garde d'élite de l'Etat nazi).
Seul celui de Dachau est resté en activité de 1933 à 1945. Il servit de modèles pour les nouveaux camps de concentration. C’est à partir de 1936, que les camps les plus tristement connus furent crées comme celui de Sachsenhausen, Buchenwald, Flossenbürg, Mauthausen, Ravensbrück que pour femmes, Gross-Rosen, Stutthof, Neuengamme, Bergen-Belsen, Maïdanek, Dora, Natzwiller-Struthof.

En 1939, ces camps de concentration comptent environ vingt-cinq mille détenus. Le but était de les « annihiler par le travail ». Ce procédé a pour visée de les déshumaniser afin de les mener à une mort plus rapide.



 Carte des camps allemands, date non précisée.

3°) Exploitation de la main d’œuvre dans les camps

Suite au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il y eut une augmentation des camps. Suite à l'invasion de la Pologne par l'Allemagne en septembre 1939, les camps deviennent des camps de travaux forcés. L’Allemagne a utilisé les prisonniers pour main d’œuvre pour ses industries comme dans les usines Junkers (usines d’aviation et de moteurs) ou comme BMW. C'est le bureau central de l'économie et de l'administration SS, la WVHA qui administre les camps C’est environ deux millions de détenus des camps qui sont employés dans les Industries du Reich à partir de 1941 jusqu’à la fin de la guerre. Avant le 30 avril 1942, ce procédé d’exploitation n’avait que pour but une visée politique mais à compter de cette date, il devint purement économique suite à la proposition d’Oswald Pohl, officier nazi et directeur de la WVHA (Services d'administration et d'économie de la SS) ayant pour mission d’organiser l’exploitation du travail des Juifs dans les camps de concentration. L’exploitation doit « être totale » pour ce faire les détenus n’avaient pas de limite de durée de travail. Donc Les autorités SS établirent de nouveaux camps à proximité d'usines.

4°) La hiérarchie dans les camps de concentration

En 1939, nous voyons l’apparition de camps mixtes, c'est-à-dire à la fois camp de concentration et camp d’extermination comme celui d’Auschwitz-Birkenau et de Majdanek.

Les camps sont dirigés par les SS et par leur chef Heinrich Himmler où ils y font régnés la terreur. Homme politique allemand qui fut le chef de la Gestapo dans les années 1930 et de la police du Reich. La gestapo est une police politique nazie crée dans les années 1930 sous l’autorité de Himmler et de Heydrich. Elle traquait les Juifs et les résistants. Ensuite les SS choisissent des kapos (détenu, en général prisonnier de droit commun ou détenu d'origine Allemande, chargé de commander les autres déportés travaillant à l'extérieur ou dans les services du camp), qui infligeaient des sanctions très sévères.



Himmler à Dachau, le 8 mai 1936

5°) Les marches de la mort. La fin des camps.

a) Les marches de la mort
Vers la fin du conflit, pendant la dernière année de la guerre, l’armée allemande a été repoussée à l’intérieur des frontières du Reich. Au fur et à mesure de l’avancée du front soviétique, les SS ont évacué les détenus des camps.  Les évacuations des camps de concentration donnaient à des marches forcés qui prirent le nom de « marche de la mort », probablement inventé par les détenus mêmes. En effet, ces marches étaient très pénibles. Les prisonniers devaient sur de longues distances dans des conditions hivernales extrêmement dures. De plus, les détenus subissaient encore de mauvais traitement physique, ils subissaient les coups des gardes SS, qui avaient ordre d’abattre toutes les personnes qui s’évanouissaient sur le chemin ou qui ne pouvaient plus marcher. C’est ainsi qu’ils abattirent des centaines de personnes pour chaque marche. Mais également des milliers de prisonniers moururent de faim, de froid et d’épuisement. D'autres prisonniers furent évacués par camions ouverts, livrés au froid mortel de l'hiver. Les marches furent très nombreuses fin 1944 et 1945, alors que les nazis essayaient de rapatrier les détenus en Allemagne. Les plus importantes sont parties d’Auschwitz et de Srtutthof, peu avant qu’on libère ces camps.



Détenu sur une marche de la mort, date inconnue

b) Le nombre de victimes
Le nombre de morts ne sera jamais précis à cause de la destruction des corps dans les fours crématoires.
Mais cependant, les historiens ont retrouvé les listes des déportés juifs de France qui furent soixante-quinze mille à mourir dans les camps.
Pour nous faire une idée du nombre de morts, voici des exemples de camps de concentration ayant recensé le nombre de décès :

Bergen Belsen                    170 000
Buchenwald                        56 550
Dachau                                 70 000
Dora                                      20 000
Flossenbürg                        73 300        
Gross-Rosen                       40 000
Mauthausen                        195 000
Natzwiller                             11 000
Neuengamme                     55 000
Ravensbrück                       65 000            
Sachsenhausen                 100170
Strutthof                               85 000
TOTAL                            4 341 008


Ces chiffres prennent en compte toutes les catégories sociales rassemblées dans les camps de concentration à savoir : Communistes, Juifs, Tziganes  exécutés ou morts pas le travail, résistants et déportés politiques,   républicains espagnols,  homosexuels et témoins de Jéhovah, prisonniers de guerre soviétiques enfermés dans les camps.



Un soldat américain devant les détenus morts (Libération du camp de Dachau le 29 avril 1945)

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