lundi 6 mai 2013

Camps de concentration (suite)





DISTINCTION ENTRE PRISONNIERS

Les internés du camp étaient de toutes les conditions sociales et étaient divisés en plusieurs catégories :

-       Les criminels proprement dits,
-       Les détenus politiques,
-       Les homosexuels,
-       Les personnes qui, soi-disant, refusent de travailler,
-       Les militaires de tous les grades qui avaient commis une faute grave contre la discipline, en particulier le refus d’obéissance.

Cette dernière catégorie est appelée à la S.A.W. « Sonder-abteilung-Wehrmacht ».

Chaque détenu portait son numéro d’inscription sur le côté gauche de la poitrine et sur la cuisse droite. Directement au-dessous du numéro, se trouvait un triangle en étoffe colorée. Dans le triangle était indiquée la nationalité du détenu : F pour les Français, P pour les Polonais, R ou SU pour les Russes. Les détenus allemands ne portaient aucune indication de nationalité.

Voici la signification des triangles de couleur :

-       Triangle rouge : prisonniers politiques en protection surveillée,
-       Triangle vert : criminels de profession,
-       Triangle noir : réfractaires,
-       Triangle rose : homosexuels,
-       Triangle violet : membres de la secte religieuse de « Bibel Forscher »
-       Triangle marron : tziganes


Les prisonniers juifs diffèrent des prisonniers aryens par le fait que le triangle (rouge dans la plupart des cas) est changé par une étoile de David par l’adjonction de pointes jaunes.

NN (Nacht und Nebel), c’est-à—dire condamnés à mort. Ce nom de Nacht und Nebel avait été emprunté à une organisation secrète de la résistance hollandaise.

Au camp, personne ne sait exactement ce qu’est un NN, sauf qu’en principe ils ne peuvent pas partir avec les convois travailler avec les groupes qui sortent du camp.

Il y avait parmi les déportés, celles appartenant à la catégorie NN. On cite parmi elles Marie-Claude Vaillant-Couturier et Geneviève de Gaulle qui furent soumises à un dur régime.

Tous les prisonniers sont traités de la même façon, quelle que soit leur catégorie ou leur nationalité.

Devenus mi-clochards, mi-forçats, toutes les distinctions étaient effacées.

Quant à l’expression « internées politiques », c’est la plaisanterie la plus grosse et le plus amère qui ait jamais été. Quand je suis venue ici prisonnière politique, dans un convoi composé uniquement de prisonnières politiques, on nous a vêtues de robes de prisonnière à raies et nous avons dû nous rendre compte que c’était purement et simplement les travaux forcés, auxquels étaient ajoutées les joies des punitions corporelles – comme 25 coups de fouets, etc.- ou alors le Buncker, le cachot noir et rien à manger.


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Décrire en détail notre vie pourrait sembler monotone.

Partout, dans les lieux que nous devions traverser, se trouvaient les dénommés kapos (criminels récidivistes allemands armés de massues).

Les claques et les coups étaient les événements journaliers que personne ne considérait plus comme quelque chose d’extraordinaire.

Les coups de pied et de matraque pleuvaient, même si on était malade.

Le traitement était le même pour tous, aussi bien Français qu’Allemands ou d’autres nationalités.

Les commandements se faisaient exclusivement en langue allemande. Ceux qui, parmi nous, ne comprenaient pas l’allemand et ne pouvaient, à cause de cela, exécuter rapidement les ordres, recevaient des coups de pied, des gifles, etc.

En 4 mois, je reçus, dans une période de 10 à 14 jours, un total de 175 coups de bâtons sur le derrière. Dans cette même période, je fus pendu par les poignets, chaque jour, 25 minutes durant.

On voyait fréquemment une trentaine de détenus battus par les S.S. à coups de tube de caoutchouc, et qui recevaient sur tout le corps 50 à 70 coups.

On m’a battu le premier jour parce que j’avais demandé un peu d’eau.

N’ayant pas bien fait mon lit, le premier soir, je fus obligé de danser toute la nuit ; dès que je m’arrêtais, je recevais des coups.

Un S.S. frappait, soit avec une matraque, soit avec sa pelle ou tout ce qui lui tombait sous la main, les internés qui se trouvaient à côté de lui et ce sans le moindre motif. Lorsque les rangs étaient formés, il s’amusait à donner des coups de pied et de poing aux malheureux qui étaient près de lui, comme un forcené. Cet individu a été nommé « le matraqueur » parce qu’il avait toujours sur lui une matraque avec laquelle il frappait sauvagement les internés.

Un autre S.S. éprouvait une jouissance particulière à chasser les internés de leur cellule, à leur faire exécuter des génuflexions jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus se relever, puis il piétinait leurs têtes de ses talons ferrés jusqu’à ce que le sang jaillisse du nez et des oreilles.

Un block-führer était nettement fou. Il hurlait et se mettait à cogner sans aucune raison. Il faisait mettre les détenus au garde-à-vous devant lui et leur donnait des coups de pied dans le ventre.

Il faisait coucher les hommes dans la boue, se relever, puis s’étendre à nouveau. Il en profitait alors pour distribuer coups de trique, coups de pied dans les reins, les parties génitales, le ventre, etc.

L’âge même ne comptait plus sinon comme un signe de faiblesse qui invitait aux coups. Parce qu’il avait osé s’asseoir sur la paillasse, le général B. de F., âgé de 80 ans, fut battu par son chef de block jusqu’à l’évanouissement.

Lorsque le Lagerführer constatait un manquement quelconque à la discipline du camp, il nous imposait des séances de brimades baptisées « sport » pendant une demi-heure et parfois une heure ; nous devions courir autour du camp, ramper, marcher à croupetons et nous étions frappés pendant ce temps à coups de bâtons par les Allemands verts et rouges.

J’ai vu certains hommes mourir de ces séances de « sport » ; j’ai vu également beaucoup de camarades mourir sous les coups. Au cours de l’année 1943, ce « sport » avait lieu environ tous les deux jours.

Il y a eu, pendant notre présence à Auschwitz, 40 à 45 Français d’abattus pour être sortis des blocks en dehors des heures permises.

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