mercredi 26 janvier 2011

Allemagne: premier hommage aux Roms pour le jour des victimes du nazisme




De Audrey KAUFFMANN (AFP) – 'couper/coller car super important-

BERLIN — Plus de 65 ans après l'Holocauste, les Roms sont pour la première fois à l'honneur de la journée nationale de commémoration des victimes du nazisme, jeudi en Allemagne.
Un rescapé rom devenu fleuriste de la cour royale néerlandaise, Zoni Weisz, a été invité à prononcer un discours devant les députés du Bundestag, tandis qu'une rue et un gymnase de Berlin recevaient le nom de Roms persécutés sous le IIIe Reich.
Le 27 janvier, anniversaire de la libération en 1945 du camp d'Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques, est depuis 1996 en Allemagne une journée dédiée aux victimes du nazisme.
"Mais c'est la première fois que le sort des Sintis et des Roms d'Europe est mis au centre de cette cérémonie. Enfin", juge le président du Conseil central des Sintis et Roms d'Allemagne, Romani Rose, alors qu'un hommage a eu lieu en décembre au Bundesrat (chambre haute du parlement).
Selon le parlement, Zoni Weisz s'est dit "étonné et honoré" d'avoir été choisi pour évoquer "l'Holocauste oublié", c'est-à-dire l'extermination de 220.000 à 500.000 Roms en Europe selon les historiens, sur une communauté comptant alors un million de membres.
Les Roms, jugés "racialement inférieurs" par les nazis, ont été systématiquement persécutés, confinés dans des ghettos, des camps spéciaux, déportés ou tués sur-le-champ. Dans certains camps comme Auschwitz ou Ravensbrück, ils ont servi de cobayes pour des expériences médicales. Mais la RFA n'a reconnu officiellement qu'en 1982 ce génocide-là, avec un geste du chancelier Helmut Schmidt.
Zoni Weisz est l'un des seuls survivants de sa famille, déportée en 1944 quand il avait 7 ans. Il a dû son salut à un policier l'ayant aidé à s'enfuir pendant la rafle. Ses parents, ses soeurs et son jeune frère sont morts à Auschwitz et il a survécu en se cachant.
"Jusqu'en 1944, nous étions une famille tout à fait normale, une famille heureuse" de Zutphen (est des Pays-Bas), a raconté Zoni Weisz, dont le père tenait un magasin de musique.
A Berlin, le quartier de Friedrichshain a opté pour l'inauguration jeudi d'une rue "Ede et Unku", nom d'un livre écrit en 1931 et relatant l'histoire vraie d'une amitié entre un fils d'ouvrier et une fillette Sinti avant le nazisme. "Unku", alias Erna Lauenburger, déportée avec les siens, est morte à Auschwitz.
"Ede et Unku" fut mis au ban par les nazis et sa jeune auteure Grete Weiskopf, juive et communiste écrivant sous un pseudonyme (Alex Wedding), dut fuir l'Allemagne en 1933. Après la guerre, le régime communiste de RDA a réhabilité l'ouvrage jusqu'à l'insérer dans des programmes scolaires.
Un gymnase devait aussi être baptisée à Berlin du nom du boxeur Johann Trollmann, alias "Rukeli" ou "Gypsy" Trollmann. Champion mi-lourds d'Allemagne en 1933, il fut aussitôt déchu de son titre par les nazis, accusé d'avoir un style de boxe "non allemand". A l'époque, Trollmann protesta en se décolorant les cheveux en blond et en se laissant mettre K.O. au combat suivant. Il est mort en camp de concentration.
"Les destins d'Erna Lauenburger et Johann Trollmann représentent le sort d'un demi-millon de Sintis et Roms victimes du génocide. Mais le débat sur ces crimes reste insuffisant", expliquait un conseiller municipal berlinois, Jan Stöss.
"L'Allemagne a minimisé ce génocide pendant des décennies. Et il y a toujours du racisme aujourd'hui contre les Roms. Le discours de Zoni Weisz au Bundestag, c'est un signe positif", a dit à l'AFP Silvio Peritore, du Conseil central des Sintis et Roms.
Selon lui, sur environ dix millions de Roms en Europe, 70.000 vivent en Allemagne avec la nationalité allemande et plusieurs dizaines de milliers d'autres sans le passeport allemand, venus de Bosnie et du Kosovo notamment.

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