jeudi 18 novembre 2010

Le flamenco au patrimoine mondial de l'Humanité !



Le flamenco vient d'être inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, au titre des biens culturels immatériels. Un événement ? Si peu. À vrai dire, cette démarche de mise à l'honneur de l'art flamenco est déjà ancienne ; la Junta de Andalucia travaille sur le dossier d’inscription du flamenco au patrimoine mondial depuis des décennies. C'est la jeune ministre de l'égalité du précédent gouvernement Zapatero, l'Andalouse Bibiana Aido, qui s'était employée avec d'autres à cette tâche d'ambassadeur du flamenco depuis de longues années déjà.

Les innombrables festivals qu'organise ou que soutiennent les collectivités locales espagnoles ont aidé à la renaissance de cet art. Des plus prestigieux aux plus modestes, ces festivals ont enclenché une véritable industrie culturelle qui se décline en disques, CD, publications, spécialisées, guides touristiques… Par ailleurs, les établissements touristiques et les restaurants font un usage immodéré, et souvent abâtardi, de cet art. On a souvent l’occasion de conspuer ce « flamenco pour touristes », mais il permet à des jeunes artistes de vivre et à des visiteurs d’entrer dans ce monde complexe, relativement fermé, de l’art vivant du flamenco contemporain. Sait-on que, dans les rendez-vous musicaux de 2010 où s'affrontent les meilleurs bailaores, cantaores et guitaristes du monde, les candidats sont originaires de neuf nationalités différentes ? Le flamenco est réellement un art à la fois local et universel, qui se transmet « pur » (jondo) mais supporte aussi très bien tous les métissages, les influences du tango et les rythmes de jazz, les couleurs de la musique cubaine ou qui se savoure dans l'ambiance intime des berceuses (nanas)…

Sans vouloir passer du coq à l'âne, cette reconnaissance internationale sera probablement vue à l'étranger comme « une réponse du berger à la bergère » à la démarche de stigmatisation du peuple Rom menée par le gouvernement français à l'été et à l'automne dernier. Et pourtant, nous avons eu aussi de grands musiciens gitans. Mais il faut bien avouer que la démarche de valorisation de la musique, de la culture, de la créativité des Gitans est bien davantage développée chez nos voisins, au premier titre sans doute en Espagne, où l'intégration est une réalité, même si le tableau de la réalité socio-économique de cette communauté n'est pas idéal.
Une pensée donc ce soir pour les très très grands, Chocolate, Camaron de la Isla bien sûr, pour les anciens artistes confirmés, Paco de Lucia ou (mon idole) Inès Bacan, et pour les jeunes qui chantent ou dansent... là-bas, mais aussi à Paris.

Un coup de chapeau au passage pour le travail des associations et mes salutations amicales à l'infatigable association « Flamenco en France », rue des Vignolles, à Paris.

par nacima baron, Nacima BARON-YELLES, Universitaire
17.11.10 Journal LE MONDE

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